par Caren Bohan
WASHINGTON (Reuters) – Donald Trump, en difficulté dans les sondages, a remanié mercredi son équipe de campagne, réduisant les fonctions dévolues à son président Paul Manafort, mis en cause pour ses relations avec des personnalités pro-russes en Ukraine.
Comme elle l’avait indiqué à la chaîne de télévision américaine NBC, Kellyanne Conway, qui occupait déjà un rôle de conseillère auprès du candidat républicain, est nommée directrice de la campagne.
Stephen Bannon, cofondateur du site conservateur Breitbart News, un des soutiens les plus actifs du milliardaire, rejoint les rangs de l’équipe Trump au nouveau poste de directeur général. Cet ancien banquier chez Goldman Sachs a également servi dans l’US Navy.
« Je suis convaincu que nous intégrons certains des plus grands talents de la politique, dotés de l’expérience et de l’expertise nécessaires pour battre Hillary Clinton en novembre et continuer de diffuser mon message et ma vision pour rétablir la grandeur de l’Amérique », déclare Donald Trump dans un communiqué diffusé par son équipe de presse.
Paul Manafort reste président de la campagne et chef de la stratégie. Il dirigeait officieusement la campagne du candidat républicain depuis la mise à l’écart de Corey Lewandowski au terme des primaires remportées par le milliardaire new-yorkais.
Le New York Times a révélé ce week-end que le nom de Manafort figurait sur un registre secret en Ukraine faisant apparaître des versements en sa faveur d’un montant de plus de 12 millions de dollars (plus de dix millions d’euros) effectués entre 2007 et 2012 par le Parti des régions, la formation de l’ex-président Viktor Ianoukovitch, proche de Moscou.
TRANSFERTS OCCULTES
Artem Sytnik, chef du bureau anti-corruption en Ukraine, a confirmé que son nom apparaissait bien sur un registre et que plus de 12 millions de dollars avaient été alloués en tant que dépense, sous la référence Manafort. Il a toutefois ajouté que la mention de son nom « ne veut pas dire qu’il a effectivement reçu cet argent ».
L’équipe de campagne d’Hillary Clinton a dit y voir une preuve des « relations troublantes entre l’équipe de Donald Trump et des éléments pro-Kremlin en Ukraine. »
Paul Manafort a nié toute action illégale. « Je n’ai jamais reçu un seul ‘versement au noir’ comme l’a faussement rapporté le New York Times, ni n’ai jamais travaillé pour les gouvernement d’Ukraine ou de Russie », a-t-il déclaré dans un communiqué publié lundi.
Mercredi, l’agence Associated Press a à son tour fait des révélations sur les relations troubles de Paul Manafort avec l’Ukraine en l’accusant d’avoir aidé un parti politique proche de la Russie à transférer 2,2 millions de dollars à deux groupes de pression à Washington.
AP, qui cite des sources au fait de la transaction, ajoute que les transferts ont été effectués par l’intermédiaire d’une société écran pour que les tentatives ukrainiennes d’influencer la politique américaine n’apparaissent pas au grand jour.
Les dirigeants des deux lobbies, Podesta Group et Mercury LLC, ont dit à AP qu’ils n’avaient pas jugé nécessaire à l’époque de déclarer ces versements au département de la Justice, comme la loi les y contraint en cas de lien avec un parti politique étranger.
(Avec Alana Wise à Washington et Pavel Polityuk à Kiev, Danielle Rouquié, Henri-Pierre André et Tangi Salaün pour le service français)