Duterte parlemente pour la fin du siège à Marawi puis se rétracte
MARAWI, Philippines (Reuters) – Le président Rodrigo Duterte était disposé à négocier un accord avec les rebelles islamistes qui se sont emparés de la ville de Marawi, dans le sud des Philippines, avant de se rétracter quelques jours plus tard, a déclaré mercredi un responsable religieux impliqué dans l’opération.
Des centaines de rebelles islamistes du groupe Maute ont envahi le 23 mai la ville de Marawi, sur l’île de Mindanao, après l’échec d’une opération militaire visant à capturer leur chef, Isnilon Hapilon.
Agakhan Sharief, un chef de la communauté musulmane philippine, a déclaré à Reuters qu’il avait été approché par un proche du président pour utiliser ses relations avec le groupe islamiste afin de démarrer, peu après le début du siège, des négociations en coulisses.
Deux autres sources à Marawi ont confirmé que Rodrigo Duterte avait tenté d’établir le contact avec les frères Omarkhayam et Abdullah Maute, qui ont organisé l’attaque de la ville. Ces derniers, disent-elles, ont d’ailleurs demandé à ce que leur mère, la très influente Farhana, les représente lors des discussions.
Sauf que les négociations ont été interrompues le 31 mai, quand le président philippin a annoncé dans un discours qu’il ne discuterait pas avec les terroristes.
« Le problème de notre président est qu’il change tout le temps d’avis », dit Agakhan Sharief, un dignitaire religieux qui a participé à de précédentes médiations à Mindanao. « Il a annoncé qu’il ne discuterait plus avec les terroristes et cela a fait capoter nos négociations. »
Les combats ont fait 85 morts dans les rangs des forces de sécurité et 337 du côté des insurgés du groupe Maute, qui a prêté allégeance à l’organisation Etat islamique (EI).
Quarante-quatre civils ont aussi été tués et quelque 260.000 habitants ont fui les combats qui inquiètent la communauté internationale, soucieuse de voir l’EI s’implanter durablement en Asie du sud-est.
Les forces de sécurité ont repris mercredi un village près de Marawi et ont arrêté trois personnes, dont Monaliza Romato, plus connue sous le nom de Monay, une nièce de la matriarche du groupe Maute arrêtée le 9 juin.
Le père des frères Omarkhayam et Abdullah, Cayamora Maute, a été capturé le 6 juin dans la ville de Davao, la capitale de l’île de Mindanao.
(Manuel Mogato; Arthur Connan pour le service français, édité par Tangi Salaün)