Gaz de schiste : son avenir en question Gaz de schiste : son avenir en question Gaz de schiste : son avenir en question
Innovation

Gaz de schiste : son avenir en question

Publié le 1 mars 2013,
par VisionsMag.
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La dépendance mondiale en énergie devient de plus en plus importante. La crise énergétique sera majeure dans quelques années au vu de l’évolution de la consommation mondiale, notamment des pays émergents et des nouvelles puissances comme la Chine, d’après les projections. Plus de 100 000 m3 de gaz naturel sont consommés chaque seconde dans le monde, soit 3 169 milliards de m3 de gaz par an. D’où l’enjeu de trouver de nouvelles sources d’énergie alternatives et de préférence moins polluantes.

Renouveau dans la donne géo-énergétique

Le gaz de schiste est devenu en quelques années une alternative crédible aux yeux de nombreux pays. Il faut dire que cette énergie est soutenue par un puissant lobby d’industriels. IHS-CERA, un centre d’études de référence étroitement lié aux plus grandes firmes mondiales de l’énergie, affirme ainsi que l’exploitation du gaz de schiste est indispensable si l’Europe veut compenser le déclin amorcé de sa production de gaz naturel conventionnel. Cet organisme soutient également que l’exploitation de cette ressource sera incontournable dans quelques années. L’Agence Internationale de l’Energie (AIEA), quant à elle, affirme que d’ici 2035, le gaz non conventionnel, dont le gaz de schiste, fournira près de 30 % de la production gazière mondiale, contre 16 % en 2011.

Aux Etats-Unis, cette énergie a vraiment acquis ses lettres de noblesse à partir des années 2000. Les quelque 25 000 milliards de mètres cubes techniquement extractibles promettent monts et merveilles. D’une part, ils permettront, pour le pays de l’oncle Sam d’acquérir et de renforcer son indépendance énergétique, d’autre part, ils généreront un important nombre d’emplois. Grâce au boom du gaz de schiste, les Etats-Unis ont pu devenir le premier producteur mondial de gaz naturel, un rang jusque-là longtemps occupé par la Russie. Toujours grâce à ce gaz miraculeux, le marché nord-américain est redevenu quasiment auto-suffisant. Aux Etats-Unis, le gaz est environ 4 fois moins cher qu’en Europe.

Naissance d’une nouvelle énergie

Mais le gaz de schiste, qu’est-ce donc ? Du point de vue géologique, un schiste est une roche composée de très fines particules, caractérisée par son aspect feuilleté. Les schistes argileux ont généralement une porosité très faible de sorte que les hydrocarbures qu’ils contiennent y demeurent emprisonnés durant des millions d’années. Ces roches, enfouies sous terre pendant des millions d’années, ont généré des hydrocarbures gazeux en raison de phénomènes physiques, notamment des variations de température et de pression.

Présenté comme l’énergie de l’avenir, ce gaz se localise surtout dans 12 bassins principaux sur la planète. La réserve la plus importante estimée se situe en Chine avec 36 104 milliards de m3. L’empire du milieu est talonné de près par les Etats-Unis avec 24 409 milliards de m3. La Pologne est le premier pays européen qui aurait des réserves éprouvées, devant la France, avec respectivement 5 295 et 5 097 milliards de m3. La tentation est donc très forte pour les industriels à explorer et exploiter commercialement cette ressource pour palier à une hausse constante des prix du gaz conventionnel et pour compenser le déficit énergétique couplé à une hausse quasi annuelle des prix. Cela avantagerait bien des ménages. L’exploitation des réserves en France permettrait, selon des estimations, de créer environ 62 000 emplois supplémentaires.

Ce nouveau source d'énergie fait débat à cause de la technique d’exploitation utilisée qui impacte d’une manière durable l’environnement

Nouvelle solution, nouveaux problèmes

Néanmoins, cette énergie fait débat à cause de la technique d’exploitation utilisée qui impacte d’une manière durable l’environnement. Le gaz de schiste étant piégé dans des roches très peu perméables, son exploitation nécessite la mise en œuvre de deux technologies: le forage horizontal et la fracturation hydraulique. Le premier permet d’exploiter le gisement sur une plus grande étendue à partir d’un seul puits. La seconde vise à augmenter la perméabilité de la roche en la fracturant et, donc, à faciliter l’extraction du gaz. Environ 50 puits seraient nécessaires pour produire autant de combustible qu’un seul puits en mer du Nord. L’exploitation du gaz de schiste pourrait donc provoquer une fragmentation des paysages. Un forage nécessite quelque 20 millions de litres d’eau, soit la consommation quotidienne d’environ 100 000 habitants.

La fracturation, la technique la plus usitée, présente l’inconvénient de requérir beaucoup d’eau (douce ou salée) mais grâce aux progrès technologiques les quantités ont fortement diminué. Il faut noter que l’eau utilisée revient en surface, d’où les risques de contaminations des nappes phréatiques. En effet, entre 20 et 80 % du fluide injecté remontent en surface lors de la mise en exploitation du puits. Cette eau est chargée des éléments chimiques présents sous terre : métaux lourds, particules (le radium 226 et le radium 228, etc.), etc.

Ces facteurs rendent sceptiques mêmes les plus optimistes quant à une exploitation rationnelle de cette ressource d’avenir. Les conséquences sur l’environnement seraient désastreuses. Mais au rythme de l’explosion continuelle du prix de l’énergie, les industriels, et par extension, les pays se rabattront bien sur cette alternative.