Grande manifestation à Caracas pour la révocation de Maduro
par Diego Oré et Brian Ellsworth
CARACAS (Reuters) – Un gigantesque cortège de manifestants exigeant la tenue d’un référendum révocatoire à l’encontre du président Nicolas Maduro a envahi jeudi les rues de la capitale vénézuélienne, Caracas.
Vêtues de blanc et scandant « Le gouvernement va tomber! », des centaines de milliers de personnes se sont rassemblées contre le chef de l’Etat et pour protester contre la profonde crise économique que traverse le pays.
La coalition de l’opposition, l’Unité démocratique, a estimé qu’au moins un million de personnes avaient pris part à la marche dans la capitale, venant pour certaines de la jungle amazonienne ou des Andes.
« Nous allons faire tomber Maduro! », déclarait ainsi une manifestante de 53 ans, Naty Gutierrez, venue de Maracay, à 120 km de là.
Des incidents ont émaillé la fin de la manifestation, des jeunes masqués lançant des pierres et des cocktails Molotov en direction des forces de l’ordre, qui ont riposté par des tirs de gaz lacrymogènes, ont rapporté des témoins. L’Unité démocratique a parlé d’éléments infiltrés venus semer le chaos.
Policiers et militaires avaient été déployés en nombre dans la capitale. Les artères principales avaient été fermées au trafic et certaines zones de la ville étaient désertes jeudi matin.
Selon Nicolas Maduro, la manifestation, baptisée ‘Prise de Caracas’ par l’opposition, est un coup d’Etat fomenté par les Etats-Unis, comme celui dont son mentor et prédécesseur Hugo Chavez avait été victime en 2002.
Le gouvernement avait organisé jeudi une contre-manifestation, mais n’a pas publié de chiffres sur la participation à celle-ci.
« PRÊT A TOUT »
Les Vénézuéliens sont de plus en plus mécontents face à la récession économique, à une inflation à trois chiffres et aux pénuries de produits de première nécessité.
Plusieurs membres de l’opposition avaient été interpellés avant la manifestation et une douzaine sont toujours en garde-à-vue, selon un groupe local de défense des droits de l’homme.
« Je suis prêt à tout (…) Nous ne permettrons pas qu’il y ait un coup d’Etat », avait averti Nicolas Maduro lors d’un discours prononcé mercredi soir. Il a ajouté que des personnes qui voulaient placer des bombes et tuer des opposants pour semer le chaos et discréditer le gouvernement avaient été arrêtées.
« Nous avons barré la route aujourd’hui au coup d’Etat, à la violente embuscade fasciste! », a-t-il lancé à ses partisans jeudi, en assurant que les arrestations des derniers jours avaient permis d’éviter le gros des violences.
Les manifestants réclament la tenue d’un référendum révocatoire contre le président socialiste dans l’année, comme la Constitution l’autorise. Celui-ci peut avoir lieu à mi-mandat, le mandat présidentiel étant de six ans.
Mais le vote ne devrait pas intervenir cette année, le conseil électoral ayant retardé le processus, selon l’opposition, pour que le référendum ait lieu l’an prochain. Si ce devait être le cas et que Nicolas Maduro perdait, son vice-président deviendrait président et le Parti socialiste resterait finalement au pouvoir.
(Laura Martin et Eric Faye pour le service français)