Japon: Abe veut modifier la Constitution pacifique d'ici 2020
TOKYO (Reuters) – Le Premier ministre japonais Shinzo Abe a dit mercredi espérer pouvoir modifier la Constitution nippone d’ici 2020 afin d’y inclure le statut de puissance militaire du Japon, une modification majeure de cette loi fondamentale en vigueur depuis 70 ans.
Dans un message vidéo diffusé lors d’un rassemblement marquant l’anniversaire de ce texte fondateur, Shinzo Abe a souhaité qu’il soit fait explicitement référence aux Forces d’auto-défense (SDF), l’armée japonaise, dans la Constitution.
« En rendant explicite le statut des SDF dans la Constitution, nous écarterons toute contestation de la constitutionnalité des SDF », a-t-il expliqué dans cette vidéo diffusée par les chaînes de télévision.
« J’espère fermement que 2020 sera l’année où la nouvelle Constitution entrera en vigueur », a-t-il ajouté.
L’article 9 de la loi fondamentale japonaise adoptée en mai 1947 interdit l’entretien de forces militaires. Les gouvernements successifs ont interprété cette disposition d’une manière plutôt extensive afin de permettre la création des Forces d’auto-défense.
Les électeurs japonais restent divisés sur ce projet de révision. Une enquête d’opinion Nikkei Inc/TV Tokyo montre mercredi que 45% des personnes interrogées sont favorables au projet du chef de l’exécutif japonais, soit cinq points de moins que l’an dernier à la même époque.
En revanche, 46% souhaitent que le texte soit maintenu en l’état, une baisse de quatre points.
La progression du camp des partisans d’une révision peut s’expliquer par le contexte géopolitique lourd qui prévaut en Asie, où la Corée du Nord poursuit un programme de développement de missiles balistiques et nucléaires qui préoccupe ses voisins.
Shinzo Abe avait élargi, l’an passé, cette interprétation à la possibilité pour le Japon de porter assistance à une nation amie visée par une attaque.
La coalition conservatrice conduite par Shinzo Abe a remporté l’année dernière la majorité des deux tiers à la chambre haute du parlement. Cette majorité qualifiée permet en théorie d’engager une procédure de révision de la Constitution rédigée après la fin de la Seconde Guerre mondiale et considérée par les conservateurs comme une humiliation.
(Rédaction de Tokyo, Nicolas Delame et Pierre Sérisier pour le service français)