La justice épargne Sharif, visé par les Panama Papers
ISLAMABAD (Reuters) – Les magistrats de la Cour suprême du Pakistan ont estimé jeudi qu’ils ne disposaient pas d’éléments suffisants pour démettre de ses fonctions le Premier ministre, Nawaz Sharif, accusé de corruption en lien avec la divulgation des « Panama Papers ».
Ils ont toutefois ordonné un complément d’enquête. Une commission d’enquête va être mise sur pied et devra achever ses investigations dans les deux mois.
Le verdict des cinq juges de la Cour suprême, qui ont ouvert une enquête à la fin de l’année dernière sur la fortune offshore du clan Sharif, était très attendu.
Son annonce a fait monter la Bourse, Nawaz Sharif étant apprécié des milieux d’affaires. Deux juges sur cinq ont cependant recommandé que Sharif soit démis de ses fonctions.
Les accusations qui visent le chef du gouvernement et qui ont été relayées par l’opposition découlent de documents du cabinet Mossack-Fonseca, basé à Panama, qui semblent montrer que sa fille et deux de ses fils ont possédé des actifs offshore et s’en sont servis pour acheter des biens immobiliers à Londres.
Maryam Nawaz Sharif, la fille du Premier ministre, présentée comme son héritière politique, a posté sur Twitter une photo de sa famille accueillant avec satisfaction la décision de la Cour.
Les « Panama Papers » ont été divulgués il y a un an par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ).
Nawaz Sharif, l’un des hommes les plus riches du Pakistan, a déclaré devant le parlement que la fortune de sa famille avait été constituée en toute légalité, au fil des décennies précédant son entrée en politique.
Le chef de l’opposition Imran Khan a réclamé la démission du Premier ministre à titre préventif pendant les soixante jours d’enquête.
Le président du barreau, Rasheed Razvi, a jugé que le jugement était très dommageable pour le Premier ministre, aucun des juges n’ayant accepté la version présentée par Nawaz Sharif devant le parlement.
Mais Farogh Naseem, sénateur et ancien juriste de la Cour suprême, a souligné que les trois institutions représentées au sein de la commission d’enquête étaient contrôlées par Sharif, qui ne risque donc guère une décision contraire à ses intérêts.
(Syed Raza Hassan et Saad Sayeed, Eric Faye et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)