Le Kazakhstan, partenaire privilégié de l’UE en Asie centrale Le Kazakhstan, partenaire privilégié de l’UE en Asie centrale Le Kazakhstan, partenaire privilégié de l’UE en Asie centrale
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Le Kazakhstan, partenaire privilégié de l’UE en Asie centrale

Publié le 9 mai 2018,
par VisionsMag.
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Le 15 février dernier, le Sénat entérinait le nouvel accord de partenariat et de coopération entre l’Union européenne et le Kazakhstan. La France devient ainsi le 21e pays de l’Union à ratifier cet accord, qui remplace l’ancien partenariat élaboré en 1995. Pays relativement méconnu d’Asie centrale, le Kazakhstan, grand comme cinq fois la France, bénéficie d’une situation géostratégique exceptionnelle entre la Chine et la Russie, ainsi que d’un sous-sol gorgé de pétrole et de minerais. Qu’espère donc l’Europe de ce traité, quels en sont les détails, et, surtout, quelle est la place de l’UE dans cette région du monde ?

Un acteur majeur en Asie centrale

Le Kazakhstan l’attendait depuis longtemps. Depuis 2010, plus précisément, date à laquelle l’ancienne république soviétique a sollicité l’Europe en vue de remplacer un partenariat devenu obsolète. Après de multiples tractations et de nombreuses réunions entre Bruxelles et Astana, le texte a finalement été finalisé en 2015, et passe actuellement devant les parlements de chaque Etat membre en vue de sa ratification.

Ce nouvel accord marque une étape importante pour l’Union européenne et lui permettra d’asseoir son implantation dans ce pays clé d’Asie centrale qui exporte 70 % de ses produits pétroliers à destination de l’Union, l’Europe étant son premier partenaire commercial et premier investisseur étranger[1].

Les hydrocarbures ne constituent pas la seule ressource du Kazakhstan, qui est aussi un important fournisseur d’uranium, de fer et de chrome. Les pays européens, eux, y trouvent un débouché pour leurs produits manufacturés, machines et équipements, le montant des exportations vers le Kazakhstan avoisinant la somme de six milliards d’euros[2]. Le nouvel accord de partenariat et de coopération devrait, lorsqu’il sera appliqué, faciliter les échanges économiques et commerciaux, mais aussi resserrer les liens entre l’Europe et cette région du monde.

Cinq thèmes privilégiés

Le traité met l’accent sur cinq points capitaux. Inscrit dès le préambule, le respect de la démocratie et des droits de l’homme y tient une place privilégiée, l’Europe s’engageant à renforcer ses relations contractuelles en échange d’une amélioration de la situation politique du pays. Si, pour la majorité des parlementaires à avoir voté en faveur du texte, cette clause marque une avancée certaine, Jean-Luc Mélenchon, lui, s’était distingué à la tribune en décrivant le président kazakh comme un « abominable tyran ».  Le président Nazarbaïev, qui qualifie son pays de « dictature éclairée » et qui tient les rênes du Kazakhstan depuis 1990, mène en effet une politique qui lui a valu d’être dénoncé à de nombreuses reprises par des organisations non-gouvernementales.

La coopération dans le domaine de la politique étrangère est abordée dans ce traité, notamment dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive. Un autre volet est dédié à la lutte contre le crime organisé, le blanchiment de capitaux et les différents trafics, en mettant l’accent sur la coopération judiciaire entre l’Europe et le Kazakhstan. Les échanges commerciaux constituent aussi un point clé de l’accord, puisque des facilités seront mises en place pour encourager l’établissement et l’activité des sociétés, ainsi que pour ouvrir plus largement les marchés publics des deux entités. Enfin, le dernier volet est consacré à la participation financière de l’UE. Tous ces thèmes, détaillés dans la centaine de pages qui constituent l’accord, abordent lorsqu’ils sont développés des sujets aussi variés que l’éducation, la parité hommes/femmes, la non-prolifération nucléaire ou encore l’environnement.

Le Kazakhstan, partenaire privilégié de l’UE en Asie centrale
Un nouveau partenariat a été conclu entre l’Europe et le Kazakhstan, redéfinissant le rôle de l’UE dans une région traditionnellement influencée par la Chine et la Russie.
Le Kazakhstan, partenaire privilégié de l’UE en Asie centrale
Le Kazakhstan, partenaire privilégié de l’UE en Asie centrale
Le Kazakhstan, partenaire privilégié de l’UE en Asie centrale
Le Kazakhstan, partenaire privilégié de l’UE en Asie centrale

Quelle place pour l’Europe et la France en Asie centrale ?

Pourtant, de l’avis même du ministère des Affaires étrangères, ce texte « revêt essentiellement une dimension symbolique pour le Kazakhstan ». Ni accord de libre-échange, ni de facilitation des visas, ce partenariat permettra néanmoins à l’Europe de mieux s’implanter dans le plus grand pays d’Asie centrale. En aidant à l’établissement ou au développement de ses entreprises, en jouant le rôle d’observateur en faveur de la démocratie et en développant son rayonnement culturel, l’UE entend bien, par le biais de ce “soft-power”, gagner à la fois en prestige et en visibilité. La mise en œuvre du volet consacré aux entreprises permettra de faciliter certains rapprochements stratégiques, comme cela a déjà été le cas entre Areva et Kazatomprom dans le domaine du nucléaire.

Car la France, principale locomotive de cet accord aux côtés de l’Allemagne, devrait retirer certains bénéfices de ce nouveau traité. Partenaire privilégié depuis 2008, l’Hexagone est le troisième investisseur étranger du Kazakhstan, à hauteur de 11,2 milliards d’euros. Outre Areva précédemment cité, Total, Airbus, Alstom, Thalès ou encore Air Liquide y sont déjà présents. Hormis le renforcement des liens déjà noués, le timing de cet accord intervient à une période où les grandes puissances, Russie, Chine et Etats-Unis, semblent faire passer l’Asie centrale au second plan de leurs priorités. L’Europe aura alors toute latitude pour s’imposer dans cette région cruciale.

 

[1] 42 milliards d’euros ont été investis par l’Europe au Kazakhstan en 2014, cette somme représentant plus de la moitié des investissements étrangers dans le pays.

[2] Chiffres de 2015.

 

Sources des photos : astanatimes.com / edgekz.com / YouTube /