Le « messie » mexicain s’engage pour les présidentielles de 2018
Le 20 novembre 2006, Andrés Manuel López Obrador était élu «président légitime du Mexique» par ses sympathisants le projetant ainsi à la tête d’un gouvernement parallèle. Une réaction aux résultats des élections qui mettaient Felipe Calderón à la tête d’un gouvernement, qui lui, n’avait rien de parallèle. Pourtant jamais cet homme politique de 62 ans n’avait été aussi près d’occuper la fonction pour laquelle il s’apprête à lutter une troisième fois, en 2018. Orateur incomparable, il enflamme les foules et suscite l’admiration chez certains autant que la peur chez d’autres.
Un militant infatigable
Homme de gauche, originaire de l’Etat de Tabasco, au sud du Mexique, Andrès Manuel López Obrador, que l’on appelle souvent par ses initiales AMLO, a le militantisme dans la peau.
Il entre très tôt en politique, en 1976, après des études en sciences politiques et d’administration pour rejoindre le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), créé à la fin de la révolution mexicaine. Aujourd’hui il est l’un des plus fervents adversaires de ce parti qui a occupé le pouvoir sans partage de 1929 à 2000 et qu’il qualifie de « véritable mafia ».
En 1988, après avoir été président du PRI dans son Etat natal, il soutient la candidature de Cuauhtémoc Cardenas lors de la scission du parti. Il forme avec lui le Parti de la révolution démocratique (PRD), dont il sera président de 1996 à 1999.
«Pour le bien de tous, les pauvres d’abord»
Elu gouverneur de la ville de Mexico en 2000, il initiera une série de mesures sociales et culturelles, sous le slogan « Pour le bien de tous, les pauvres d’abord », qui feront naître l’immense popularité dont il bénéficie encore aujourd’hui. En quatre ans, il a attribué plus de 5 milliard de dollars au développement du bien-être social de la population, s’adressant en premier lieu aux plus démunis sous la forme de bourse, de microcrédits, d’aides au logement ou encore de pensions alimentaires. Il a mené une politique de grands travaux, créant plus 600 000 emplois, tout en menant une politique de rigueur budgétaire.
Un bilan très positif qui prépara le terrain de sa première campagne présidentielle menée en vue des élections de 2006, qui a mis en concurrence une dizaine de partis politiques dont les trois majeurs, le PRI, le PRD et le parti Action nationale (PAN).
Candidat deux fois… président jamais
Le 6 juillet 2006, l’AMLO perd les élections une première fois, à 0,56% d’écart seulement avec le candidat du PAN, Felipe Calderón. Une défaite qu’il refuse de reconnaître, dénonçant le caractère frauduleux des élections, provoquant de grandes manifestations de contestation à travers le pays qui sèmeront le chaos dans la capitale. Le 5 septembre 2006, le tribunal électoral du pouvoir judiciaire de la fédération confirme la validité des élections. Andrés Manuel López Obrador est alors élu « président légitime du Mexique » par ses sympathisants, sans toutefois réussir à s’imposer.
C’est en tant que candidat du Mouvement progressiste, formé par trois partis de gauche dont le PRD, qu’il se présente de nouveau aux élections présidentielles de 2012. Alors qu’il bénéficie d’un large soutien populaire, il sera une fois de plus relégué à la seconde place avec 31,6% des votes, derrière l’actuel président et alors candidat du PRI, Enrique Peña Nieto élu avec 38,2% des votes. Il ne manquera pas de contester le résultat, accusant le parti vainqueur de l’élection d’avoir acheté des voix et d’avoir bénéficié d’une couverture médiatique favorable à son égard.
Il appellera ses militants à une résistance pacifique et quittera le PRD afin de former un nouveau parti politique à partir du Mouvement de régénération nationale (MORENA) qu’il créa en 2006, au lendemain de sa première défaite. Se faisant, il marque son opposition au pacte de Mexico, qui garantit à l’actuel gouvernement le soutien des partis d’opposition afin de mener à bien de grandes réformes, notamment en matière d’éducation.
Nouveau parti, même candidat
Aux élections législatives de 2015, le parti MORENA, créé en 2014, affichait un score très honorable de 8%, participant au désamour grandissant de la population mexicaine pour les grands partis historiques du pays.
MORENA est un parti résolument populiste qui dénonce «l’oligarchie mexicaine», ou encore « la mafia du pouvoir » composée du PRI et du PRD, qui a conduit le pays à la décadence actuelle qu’il connaît. Le programme du parti repose sur la lutte contre la corruption, sur l’établissement d’une souveraineté populaire, sur la préservation des intérêts nationaux et contre les ingérences étrangères, pour les respects de la diversité des peuples, contre les inégalités ou encore pour la démocratisation des médias.
Andrés Manuel López Obrador : le «messie» mexicain
Dans un pays où vivent 53 millions de pauvres, dont 68% en zone urbaine le discours de celui qu’on appelle souvent « le messie » fait mouche. Car derrière ce parti, il y a surtout un homme, Andrés Manuel López Obrador, et qui ne s’avoue pas vaincu.
Depuis le 20 novembre 2015, il est officiellement président du parti MORENA, et s’engage donc dans une troisième campagne présidentielle, espérant ainsi être porté à la tête du pays en 2018. Cela pourrait être la dernière campagne d’Andrés Manuel López Obrador, celui-ci ne pouvant prétendre qu’à un seul mandat.
Sources des photos : quotationof.com / themexicantimes.mx