Le nouveau président de France TV est une présidente

Originaire de Bayonne où elle est née, Delphine Ernotte Cunci ne dispose pas du profil le plus destiné à embrasser une carrière dans l’audiovisuel d’État. Un domaine qui fut jadis l’objet du monopole de l’exécutif à travers le ministère de la Communication, aujourd’hui considéré comme la pierre angulaire du ministère de la Culture.

Diplômée de centrale Paris, issue de la promotion de 1989, la femme à l’esprit cartésien a une formation d’ingénieure. Ainsi commence-t-elle sa carrière à France Télécom, dès sa sortie d’école, au sein du département Recherche et développement en charge de la planification. Sa trajectoire professionnelle prend un autre tournant en ce qu’elle se voit offrir l’opportunité d’accéder à des positions davantage liées au milieu de la communication d’entreprise, puis essentiellement commerciales. En atteste sa nomination à la direction générale d’Orange distribution puis à la direction générale adjointe chargée des opérations du groupe Orange.

Une fin de mandat agitée au sein d’Orange

Outre le fait qu’elle soit à l’origine du passage de la marque « France Télécom » à « Orange », la nouvelle présidente de France Télévision s’est aussi faite remarquée pour ses méthodes de management efficaces, certes, mais surtout rigoureuses. Elle s’est par ailleurs retrouvée directement confronté à la vague de suicide qui a secouée France Télécom entre 2008 et 2009. C’est dans ce cadre de crise qu’elle est apparue pour la première fois sur le devant de la scène en tentant d’apaiser le climat délétère qui régnait dans l’entreprise par le bais du dialogue social, avec une certaine réussite.

La centralienne a aussi été en première ligne suite au l’entrée tonitruante dans l’univers de la téléphonie de Free Mobile en janvier 2012. C’est notamment dans ce contexte qu’elle a été l’initiatrice du lancement du forfait Sosh à bas coût mais encore de la démocratisation de la 4G en France … Bref une femme avant-gardiste qui a prouvé qu’elle savait s’adapter à des situations complexes et prendre des décisions draconiennes dans un lapse de temps restreint.

Dominique Ernotte Cunci une femme au riche carnet d’adresse

Ses 26 ans à des postes clés d’Orange lui ont permis de rencontrer nombre de personnes influentes, un point cardinal en vue d’accéder à une fonction telle que la présidence de France Télévision.
Xavier Couture fait partie de ces personnalités au bras long qui ont aidé Dominique Ernotte Cunci dans la course à la plus haute marche du groupe audiovisuel public.

Ancien PDG de Canal +, ancien numéro deux de TF1, Xavier Couture connaît parfaitement l’univers de la télévision, ses rouages, ses méthodes. Il l’a ainsi conseillé minutieusement dans le management d’une entreprise audiovisuel, soutien payant visiblement.
La nouvelle présidente de France Télévision a aussi su compter sur l’appui de Christine Albanel, ministre de la Culture de Nicolas Sarkozy aujourd’hui numéro un de la fondation d’Orange. En outre, elle a reçu notamment le soutien de Pascal Houzelot, lobbyiste renommé, David Kessler, ancien conseiller du président de la République ou encore du communicant Denis Pingaud.

Un goût pour l’art… tout de même !

Derrière l’aridité du profil d’ingénieur et de « femme d’affaire », Delphine Ernotte Cunci n’en est pas moins insensible à l’art sous toutes ses formes. En témoigne sa sensibilité pour la littérature ou encore le théâtre. Elle a ainsi mis en scène en 1997 « Sceptick » écrit de sa propre plume et interprété par son mari, Marc Ernotte.
Ce dernier, acteur de théâtre révèle la double facette de la femme de science. Ainsi, elle est la présidente de l’Ecole nationale supérieure de la photographie plus communément connue sous le nom de l’école d’Arles. Elle est, en outre, administratrice du centre culturel le « Cent quatre » à Paris, lieu de création artistique contemporaine. Comme quoi la science dure peut parfois laisser place à la « fantaisie culturelle ».

Vers une rupture avec la politique du groupe audiovisuel public ?

De la fantaisie, il n’y en aura pas tout de suite car à peine nommée et bientôt en fonction pour un mandat de cinq ans à partir du 22 août, la nouvelle présidente de France télévision devra faire face à de multiples revendications. Un exemple, le syndicat CGT a déjà entendu faire pression pour retirer le projet Info 2015 destiné à la fusion des rédactions nationales de France 2 et France 3.

Mais ce qui est certain, c’est que le nouveau cheval de bataille est clair : « rajeunir l’audience sera l’objectif fondamental de ma présidence » disait-elle. Autre préoccupation du groupe public version Ernotte Cunci, trouver des fonds dans un climat budgétaire rugueux. Des propositions, à l’instar de la mise en place de la publicité sur tous les supports numériques sans exception, ou encore la volonté de monter des projets en collaboration avec l’INA, Radio France ou encore France Médias Monde viendraient répondre à cette problématique cruciale.

Quoi qu’il en soit nous aurons à faire à un nouveau style de direction, reste à voir ce que la méthode de la première présidente de France Télévision réservera, à nos écrans dès la fin août pour le savoir !

Référence des photos : colloque-npa.fr / flickr.com

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