Le Sénat enterre un projet de restriction des ventes d'armes
WASHINGTON (Reuters) par Susan Cornwell – Les partisans d’un contrôle accru sur les armes à feu aux Etats-Unis ont essuyé un nouveau revers jeudi au Sénat, où les républicains ont mis en échec un projet visant à interdire leur vente à des individus fichés pour liens avec le terrorisme.
Le Sénat examinait une proposition de compromis présentée par la sénatrice républicaine du Maine, Susan Collins. Il s’agissait d’empêcher les ventes d’armes à des individus figurant sur les listes fédérales leur interdisant de monter à bord d’un avion (« No Fly List ») ou les soumettant à des contrôles renforcés dans les aéroports (« Selectee List »).
Mais le projet n’a pas pu réunir les 60 sénateurs nécessaires pour que son examen se poursuive.
Le sénateur John Cornyn, numéro deux du groupe républicain au Sénat, a déclaré à la presse qu’il ne s’attendait pas dans un avenir proche à de nouveaux votes sur le sujet à la chambre haute. « Nous en avons fini avec cela pour le moment », a-t-il ajouté, citant le chef de file de la majorité républicaine, Mitch McConnell.
L’impasse est un succès pour la National Rifle Association (NRA), le principal groupe de lobbying en faveur des armes à feu qui mène campagne contre toute velléité de restriction sur les ventes d’armes.
« SIT-IN » DE PROTESTATION
Quelques heures plus tôt, les élus démocrates de la Chambre des représentants avaient décidé de mettre fin à leur « sit-in » de protestation contre l’absence de vote sur les armes à feu.
Steny Hoyer, numéro deux du groupe démocrate à la chambre basse du Congrès, qui l’a annoncé, précisait que les représentants allaient regagner leurs circonscriptions pour tenter de rallier des partisans à leur cause.
A la suite de la tuerie d’Orlando, les démocrates, minoritaires, ont tenté de faire adopter des mesures renforçant le contrôle des armes à feu, en interdisant notamment la vente à des individus fichés sur les listes fédérales de surveillance.
Mercredi, ils ont occupé la tribune de la Chambre des représentants pendant plus de quinze heures, exigeant que la session parlementaire se poursuive jusqu’à ce que les républicains acceptent de procéder à un vote.
Leur « sit-in » a été interrompu aux premières heures de la journée de jeudi par une suspension de séance. La majorité républicaine a ordonné l’extinction des caméras de télévision et la fermeture des micros afin d’obliger les protestataires à cesser leur mouvement.
Les représentants démocrates entendaient exprimer leur colère face au blocage par la majorité républicaine de toute initiative entendant durcir les conditions de vente des armes automatiques après la tuerie au Pulse, une boîte de nuit d’Orlando fréquentée par la communauté homosexuelle où 49 personnes ont été tuées et 53 autres blessées dans la nuit du 11 au 12 juin.
Ce mode de protestation peu commun au Congrès n’avait plus été employé depuis août 2008 quand les républicains, alors minoritaires, avaient réclamé un vote autorisant le forage en eaux profondes.
Déjà, après le massacre de 20 enfants et six adultes dans une école élémentaire de Newtown dans le Connecticut en 2012, l’administration Obama avait tenté de durcir l’accès aux armes à feu mais le Congrès, majoritairement républicain, avait rejeté la mesure.
Le Congrès n’a passé aucune législation majeure encadrant les armes à feu depuis 1994.
(avec Richard Cowan; Tangi Salaün, Benoît Van Overstraeten et Henri-Pierre André pour le service français)