Les risques de conflits en Bosnie : une menace persistante pour l'Europe
« Affaiblir l’Europe, ne pas la laisser souffler… » Si telle est la stratégie du Kremlin, il est certain que sur son échiquier, les Balkans via le Kosovo et la Bosnie sont des pièces bien placées qu’il peut bouger le moment venu. Cela grâce à un indéfectible allié dans la région. « Les Serbes sont parfois plus russes que le tsar » annonce ce vendeur de t-shirt à l’effigie de Poutine sur une place de Banja-Luka. « Si l’invasion de l’Ukraine avait été un succès, cela aurait convaincu les Serbes de nous attaquer à nouveau! » S’inquiète ce musulman de Bihac. « On a eu de la chance que cela ne se passe pas comme prévu. Mais, une fois la guerre en Ukraine finie, ce sera notre tour! Poutine ne lâchera pas l’Europe et les Serbes ont les mêmes regrets de leur grand empire ». Réalisme ou victimisation non fondée, il faut dire qu’il vit dans un pays qui n’a pas été épargné par les guerres, la « poudrière des Balkans »!
La Bosnie-Herzégovine, pays des Balkans marqué par une histoire tumultueuse, fait face à des risques de conflits latents qui menacent sa stabilité et celle de la région. Depuis la fin de la guerre de Bosnie en 1995, le pays a été tenu ensemble par l’Accord de Dayton, un arrangement fragile qui a souvent été mis à l’épreuve par des tensions ethniques et politiques. Aujourd’hui, plusieurs facteurs exacerbent les risques de conflits en Bosnie, soulignant la nécessité d’une attention internationale accrue.
Tensions Ethniques et Politiques
La Bosnie-Herzégovine est composée de trois principales communautés ethniques : les Bosniaques, les Croates et les Serbes. Ces groupes ont des aspirations et des visions divergentes pour l’avenir du pays, ce qui conduit souvent à des frictions politiques. Les institutions du pays sont divisées selon des lignes ethniques, ce qui complique la gouvernance et la prise de décision.
L’entité de la Republika Srpska, dominée par les Serbes, est un point focal des tensions actuelles. Son dirigeant, Milorad Dodik, a régulièrement évoqué la sécession de la Republika Srpska de la Bosnie-Herzégovine, menaçant l’intégrité territoriale du pays. Cette rhétorique sécessionniste ravive les craintes de conflits armés et de nouvelles violences interethniques.
Influence internationale et intervention
Les tensions en Bosnie-Herzégovine sont également alimentées par les influences extérieures. La Russie soutient ouvertement les aspirations sécessionnistes de la Republika Srpska, tandis que la Turquie et certains pays de l’Union européenne soutiennent les initiatives de renforcement de l’unité nationale bosniaque. Cette ingérence étrangère complexifie encore davantage le paysage politique du pays.
L’Union européenne et les États-Unis jouent un rôle crucial dans la tentative de maintenir la paix et la stabilité en Bosnie-Herzégovine. Les pressions internationales ont jusqu’à présent empêché l’éclatement du pays, mais l’efficacité de ces interventions est régulièrement remise en question. La communauté internationale est appelée à adopter une approche plus proactive et cohérente pour prévenir l’escalade des tensions.
Problèmes économiques et sociaux
Les défis économiques et sociaux aggravent également les risques de conflits en Bosnie. Le taux de chômage élevé, en particulier parmi les jeunes, et les inégalités économiques entre les différentes régions ethniques créent un terreau fertile pour les frustrations et les ressentiments. La corruption endémique et l’inefficacité du système judiciaire minent la confiance des citoyens dans les institutions publiques.
L’absence de perspectives économiques pousse de nombreux jeunes Bosniens à émigrer, privant le pays de sa population active et exacerbant les tensions sociales. Ces conditions économiques difficiles peuvent être exploitées par des politiciens populistes pour attiser les divisions ethniques et gagner du soutien.
Perspectives d’avenir
Pour atténuer les risques de conflits en Bosnie-Herzégovine, plusieurs mesures doivent être envisagées. Tout d’abord, il est essentiel de renforcer les institutions démocratiques du pays et de promouvoir la coopération entre les différentes communautés ethniques. La réforme de la Constitution pour créer un système politique plus inclusif et fonctionnel est cruciale.
De plus, la communauté internationale doit continuer à jouer un rôle actif en Bosnie. Une présence internationale renforcée, combinée à des efforts diplomatiques concertés, peut dissuader les actions sécessionnistes et favoriser un dialogue constructif entre les leaders politiques bosniens.
Enfin, des initiatives économiques et sociales doivent être mises en place pour améliorer les conditions de vie des citoyens bosniens. La création d’emplois, la lutte contre la corruption et l’amélioration de l’éducation et des infrastructures sont essentielles pour réduire les tensions et prévenir les conflits.
Les risques de conflits en Bosnie-Herzégovine sont une menace sérieuse pour la stabilité régionale et l’Europe. Les chants honteux des supporteurs albanais et croates pendant l’Euro 2024 appelant à « tuer les Serbes », nous l’ont bien rappelé. Les tensions ethniques et politiques, exacerbées par des influences internationales et des défis économiques, nécessitent une attention urgente et une action concertée. Seul un engagement fort de la communauté internationale et des réformes internes profondes peuvent assurer un avenir pacifique et prospère pour la Bosnie et ses citoyens. Une éventuelle adhésion de la Serbie à l’UE peut-elle calmer les acteurs? Dans tous les cas, la poudrière peut exploser à nouveau! Qui sera l’étincelle?
Photos : lemde.fr – cbc.ca – courrierinternational.com