Margrethe Vestager, une commissaire européenne à l’assaut des GAFAM

Ministre avant ses 30 ans

Si Margrethe Vestager est aujourd’hui bien connue à travers l’Europe, elle est une figure majeure de la politique danoise depuis plus de vingt-cinq ans. Née en 1968, cette diplômée de sciences économiques devient ministre de l’Éducation dès 1998 ! Trois ans plus tard, elle devient députée pour le groupe parlementaire du Parti social-libéral, dont elle assume d’ailleurs la direction entre 2007 et 2011. Enfin, elle redevient ministre, cette fois des Affaires Économiques, puis de l’Intérieur entre 2011 et 2014.

Cette même année, elle devient finalement commissaire européenne à la concurrence sous la présidence Jean-Claude Juncker, et sa notoriété commence à dépasser les frontières danoises. Présentée comme « la star de Bruxelles », la presse internationale devient rapidement friande de ses positions fortes face aux GAFAM et en net contraste avec son prédécesseur. Elle serait même la principale source d’inspiration de Birgitte Nyborg, l’inflexible personnage central de la série Borgen, une femme au pouvoir !

Il faut dire que depuis son arrivée à la Commission européenne en novembre 2014, Margrethe Vestager ne ménage pas ses efforts: Amazon, Apple, Google, McDonald’s, Volvo, Gazprom, Starbuck… Tous ont affaire à Vestager ! C’est notamment elle qui avait exigé qu’Apple s’acquitte des 13 milliards d’euros d’impôts auprès de l’Irlande, alors qu’un an plus tôt elle avait déjà réussi à se mettre à dos à la fois Moscou et Washington en s’attaquant aux pratiques de concurrences déloyales de Gazprom puis de Google. Le tout à environ une semaine d’intervalle. Belle performance !

Le règlement des marchés numériques

Et c’est d’autant plus surprenant lorsque l’on se souvient de la politique de la Commission avant l’arrivée de Mme Vestager. Son prédécesseur Joaquin Almunia était en effet bien plus conciliant. Rien que pour Google, il avait tenté à trois reprises (et sans succès) de mettre en place des compromis avec le géant de la Tech internationale. Rien à voir avec Vestager donc, très vite surnommée « Dame de Fer face aux GAFA » ou « la femme qui fait trembler Google ». 

Preuve en est : le Digital Markets Act (DMA), ou Règlement des Marchés Numériques en français. Applicable en théorie cette année, ce texte européen vise principalement à empêcher les GAFAM (mais aussi le site de réservation Booking, le réseau social TikTok et quelques autres géants) d’écraser la concurrence pour conserver leur monopole en Europe. Par exemple, la nouvelle législation empêchera les GAFAM de racheter des start-up françaises uniquement pour éliminer la concurrence. Elles ne pourront plus non plus favoriser leurs propres services dans les résultats des moteurs de recherche (on pense évidemment à Google et tout son catalogue d’applis) ou d’utiliser les données récoltées sur les entreprises clientes pour les concurrencer. Enfin, côté utilisateur, 

L’Union Vestagerienne ?

Devant une telle popularité, il est normalement facile de trouver une opposition parfois tout aussi intense malgré un nombre plus réduit. Pourtant, Margrethe Vestager semble faire l’unanimité. Il y a quelques années, certaines personnalités et médias outre-Atlantique comme Jack Lew (secrétaire au Trésor) l’accusaient de cibler les entreprises américaines de façon disproportionnée. Mais ces reproches sont devenus difficiles à argumenter devant les efforts de Mme Vestager face aux géants de l’énergie russe ou aux banques européennes. Que ce soit dans le cadre des Luxleaks ou le scandale Euribor, Margethe Vestager a en effet démontré que son zèle n’épargne pas les pays membres de l’UE !

Véhiculant à la fois une image de dame de fer intransigeante mais aussi celle d’un David contre les Goliath de l’industrie quel que soit leur marché ou leur pays d’origine, Vestager semble finalement s’attirer le soutien de tous bords. Face à la montée des nationalismes et le déclin annoncé de l’UE, Margrethe Vestager peut-elle être un élan d’espoir pour ceux qui croient qu’une grande Union de l’Europe est toujours possible ?

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