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Migrants: Ankara veut la fin de la mission de l'Otan en mer Egée

Publié le 27 octobre 2016,
par Reuters.
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BRUXELLES (Reuters) – La Turquie a fait savoir qu’elle souhaitait la fin de la mission de refoulement des migrants menée par l’Otan depuis février en mer Egée compte tenu de la forte baisse du nombre de réfugiés qui essaient d’atteindre la Grèce.

L’Otan prépare une nouvelle mission pour aider l’UE à endiguer le flot de migrants qui partent des côtes libyennes pour arriver en Italie et qui ont pris le relais des migrants qui passaient par le canal Turquie-Grèce-Balkans l’an dernier. La Turquie a d’ailleurs prévu de participer à cette nouvelle mission de prévention en envoyant des patrouilles maritimes et aériennes.

Le ministre turc de la Défense, Fikri Isik, a expliqué mercredi la position d’Ankara à ses homologues de l’Otan réunis pour deux jours à Bruxelles, rapportent deux personnes au fait de la discussion. Il n’est plus nécessaire, a dit Fikri Isik, que les navires de guerre patrouillent le long de ses côtes.

Le ministre a enfoncé le clou jeudi devant les journalistes. « C’était une mission temporaire et le but de cette mission temporaire a été atteint. Il n’est pas nécessaire de la prolonger », a-t-il dit. « Que la force de l’Otan soit là ou pas, nous continuerons notre combat contre le flux migratoire. »

En fait, décryptent des diplomates, la Turquie n’est pas satisfaite de voir des bateaux de l’Otan patrouiller dans des eaux qu’elle se dispute avec la Grèce et craint qu’Athènes n’en profite pour prendre la main dans ce différend maritime.

 

CAPABLES DE REPÉRER LES PASSEURS

Quoi qu’il en soit, l’accord de base conclu en mars dernier entre l’Union européenne et la Turquie reste en place. Par cet accord donnant-donnant, la Turquie s’engage à empêcher les migrants d’entreprendre la traversée de la mer Egée à partir de ses côtes jusqu’en Grèce et de l’autre, Bruxelles facilite l’octroi de visas pour les Turcs voulant se rendre dans l’UE.

Selon un rapport de la Commission européenne publié en septembre, 85 personnes par jour seulement arrivent sur les côtes grecques, contre plus de 10.000 par jour en octobre 2015.

Mais l’Allemagne et le Royaume-Uni, soutenus en cela par les Etats-Unis, considèrent la présence des bateaux de l’Otan en mer Egée comme un moyen de garantir le bon fonctionnement de l’accord de mars.

Le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg défend lui aussi la mission de l’Alliance atlantique : les navires de l’Otan sont capables de repérer des passeurs beaucoup plus vite que les garde-côtes grecs et turcs, a-t-il dit.

La poursuite de la mission de l’Otan pourrait cependant se heurter à un obstacle organisationnel : selon les règles de l’Otan concernant les forces maritimes, la Turquie doit en effet prendre, à partir du mois de janvier, la direction du « standing Maritime Group Two », la force navale multinationale de l’Otan en Méditerranée, celle qui est utilisée pour les patrouilles dans la mer Egée. Or, selon les termes de la mission relative aux migrants, ni la Grèce, ni la Turquie n’ont le droit de la diriger.

La Turquie pourrait donc bloquer une extension de la mission en mer Egée à partir de janvier sur cette base.

La ministre allemande de la Défense, Ursula von der Leyen, dont le pays dirige actuellement la mission en mer Egée, a souligné que l’opération était assurée jusqu’au 31 décembre. Priée de dire ce qui pourrait se passer en 2017, elle a répondu : « On verra. »

 

(par Robin Emmott et Sabine Siebold. Avec Tuvan Gumrukcu à Ankara; Danielle Rouquié pour le service français, édité par Tangi Salaün)