Une dizaine de jours pour débloquer les négociations sur le Brexit
BRUXELLES (Reuters) – Theresa May est attendue vendredi à Bruxelles pour des entretiens avec Donald Tusk, le président du Conseil européen, que des responsables européens présentent comme une tentative pour s’accorder sur la « chorégraphie » d’un accord en décembre.
La Commission européenne a par ailleurs confirmé jeudi que la Première ministre britannique rencontrerait le président de l’exécutif européen, Jean-Claude Juncker et le chef des négociateurs européens, Michel Barnier, le 4 décembre à Bruxelles.
Les Européens espèrent que dans cette période d’une dizaine de jours, la responsable britannique fera de nouvelles propositions à même de sortir de l’impasse les négociations sur le divorce entre le Royaume-Uni et le bloc communautaire, à commencer par la question du chèque que Londres versera à l’UE pour solder le divorce.
Selon eux, une initiative britannique est nécessaire autour de cette date du 4 décembre afin que les chefs d’Etat et de gouvernement des Vingt-Sept puissent éventuellement décider le passage à la seconde phase des discussions lors du Conseil européen prévu les 14 et 15 décembre.
Le porte-parole de la Commission européenne, qui a confirmé à la mi-journée la rencontre du 4 décembre entre May et Juncker, a refusé de s’exprimer sur l’état d’avancement des négociations, qui bloquent, en plus du montant du chèque, sur les droits futurs des expatriés européens et britanniques et sur la future frontière entre la République d’Irlande et l’Irlande du Nord.
Sans « progrès suffisants » sur les modalités du divorce, les Européens ne veulent pas lancer la phase 2 des négociations qui porteront sur la relation avec le Royaume-Uni une fois sorti de l’UE.
LE CHÈQUE BRITANNIQUE REVU À LA HAUSSE ?
La presse britannique a rapporté la semaine dernière que Theresa May avait obtenu un feu vert des militants pro-Brexit les plus durs de son gouvernement pour relever sa proposition financière.
Un montant de 40 milliards de livres (45 milliards d’euros) a été évoqué par les médias britanniques, des fuites que Bruxelles interprète comme étant soigneusement orchestrées par May.
C’est le double des estimations précédentes mais encore bien loin des 60 milliards d’euros mentionnés par la Commission européenne – même si des responsables européens soulignent que ce montant s’apparente à une demande maximale, et donc négociable.
« Je ne sais pas quelle est la marge de manoeuvre de Theresa May mais nous constatons une volonté d’agir », a déclaré un haut responsable de l’UE.
« Je sens que les plaques tectoniques commencent à bouger », a confirmé un diplomate d’un pays européen chargé de suivre les négociations sur le Brexit. « Le temps presse et un échec au Conseil européen de décembre n’arrangerait personne », a-t-il ajouté.
Juncker a déclaré pour sa part pendant une conférence de presse que l’on saurait « dans les prochains jours » s’il est possible de passer à la deuxième phase des négociations dès le prochain Conseil européen.
Le négociateur de l’UE, Michel Barnier, a rencontré mercredi le président du Conseil européen Donald Tusk pour préparer la rencontre de vendredi avec May.
Dans l’intervalle, les représentants des 27 Etats membres de l’UE ont convenu mercredi de retarder d’une semaine, jusqu’au mercredi 6 décembre, la réunion destinée à préparer le projet de communiqué du prochain Conseil européen, ont indiqué des diplomates.
« Tout le monde parle déjà avec tout le monde, à tous les niveaux », a dit le porte-parole de la Commission, Margaritis Schinas.
A Londres, un porte-parole de May a déclaré jeudi que des progrès avaient été réalisés dans les négociations sur la question de la frontière entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande – seule frontière terrestre entre l’UE et le Royaume-Uni après mars 2019 – mais qu’il restait encore du travail à faire.
Même son de cloche à Dublin où le chef de la diplomatie irlandaise, Simon Coveney, s’est dit optimiste jeudi quant à la possibilité de parvenir à un accord sur cette question d’ici la mi-décembre tout en évoquant aussi l’ampleur du travail encore à accomplir.
Le projet de loi sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne sera débattu le 4 décembre au Parlement britannique puis pendant quatre autres jours durant le mois, a-t-on appris par ailleurs de source autorisée à Londres.
Le projet de loi sur le Brexit, qui rencontre une forte opposition à la Chambre, vise à définir les nouvelles relations entre la Grande-Bretagne et l’UE.
(par Alastair Macdonald et Jan Strupczewski. avec Paul Sandle et Elizabeth Piper à Londres et Padraic Halpin à Dublin; Guy Kerivel, Pierre Sérisier et Henri-Pierre André pour le service français)