Obsèques écologiques : vert pour toujours Obsèques écologiques : vert pour toujours Obsèques écologiques : vert pour toujours
Innovation

Obsèques écologiques : vert pour toujours

Publié le 15 octobre 2018,
par VisionsMag.
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Lorsqu’il s’agit de prendre ses dernières dispositions, le choix se porte traditionnellement vers l’inhumation ou la crémation. Ces pratiques bien établies génèrent pourtant une pollution méconnue, mais non négligeable, qu’il est possible de réduire par des procédés plus ou moins révolutionnaires.

Lorsque crémation et inhumation riment avec pollution

Certaines pratiques semblent indissociables d’un enterrement. Un cercueil en bois précieux, des couronnes de fleurs, un embaumement ou un passage au crématorium marquent ce moment où la tristesse et le recueillement prennent le pas sur les préoccupations environnementales. Pourtant, peu imaginent à quel point des funérailles peuvent avoir un impact sur la planète.

En 2017, en France, les 603.000 décès ont été pour les deux tiers synonymes d’inhumation. Il aura fallu pour cela avoir recours à une masse de bois considérable pour fournir les cercueils, de l’ordre de 100.000 stères. Les corps sont embaumés par un procédé chimique hautement cancérigène, qui se retrouve souvent dans les sols et les nappes phréatiques. De même que le mercure contenu dans les plombages du défunt, qui sont rarement ôtés. La crémation, quant à elle, entraine un rejet massif de dioxyde de carbone dans l’atmosphère, estimé à 400 kilos de CO₂ par corps . D’autres problèmes se posent aussi, notamment la raréfaction des terrains alloués aux cimetières alors que, parallèlement, la démographie explose dans certains pays.

Pour une mort éco-responsable

Le mouvement du « green burial », ou obsèques écologiques, est né dans les pays anglo-saxons à l’orée des années 1990. Son but est de mettre en œuvre toutes les solutions possibles afin de minimiser l’impact environnemental causé par un décès. Ces alternatives impliquent de rejeter les pratiques de crémation et d’embaumement, d’avoir recours à un cercueil en matière biodégradable, de se passer de pierre tombale ainsi que de choisir un cimetière n’utilisant aucun produit chimique pour son entretien.

Ces conditions, qui paraissent à première vue difficiles à mettre en œuvre, sont encadrées en Amérique du Nord par le Green Burial Council, un organisme certifié mis en place pour promouvoir les avantages environnementaux, sociétaux et économiques de l’inhumation écologique. De nombreuses entreprises de pompes funèbres ainsi que des sociétés commerciales se sont spécialisées dans ce créneau, qui intéresserait, selon un sondage , 64 % des personnes interrogées outre-Atlantique.

Une alternative attrayante

Le phénomène séduit pour de multiples raisons. Dans la majorité des cas, les personnes choisissant ce mode de funérailles souhaitent avant tout rester cohérentes avec leurs convictions écologistes. D’autres seront attirées par la simplicité, voire le minimalisme de procédés funéraires qui se situent à mille lieux des sophistications offertes par les usages traditionnels.

L’aspect économique constitue aussi un critère de choix : lorsque le bois du cercueil est remplacé par du carton ou, plus simplement, par un suaire en lin, quand une pierre tombale est échangée pour une plaque de bambou et que les pratiques d’embaumement sont supprimées, le coût d’un enterrement chute de manière bien sensible. Alors qu’il faut dépenser, en moyenne, une somme de 3350 euros pour des obsèques classiques, des funérailles écologiques, concession comprise, reviendront entre 1500 et 2500 euros. Certains procédés, beaucoup plus recherchés, s’avèrent néanmoins nettement plus coûteux.

Obsèques écologiques : vert pour toujours
Les « enterrements verts » séduisent de plus en plus de personnes soucieuses de préserver l’environnement.
Obsèques écologiques : vert pour toujours

Technologie de pointe

Les alternatives aux enterrements traditionnels suscitent l’intérêt de nombreuses entreprises qui, par conviction écologique ou opportunisme financier, s’engouffrent dans un créneau où la simplicité côtoie parfois les technologies les plus abouties. Simplicité en ce qui concerne le processus d’humusation, comme cette Capsula Mundi en forme d’œuf, grâce à laquelle le corps du défunt nourrira une graine d’arbre placée à son sommet.

Nettement plus complexe, la promession consiste à placer la dépouille dans une solution d’azote liquide : le corps, complètement gelé par ce bain à -196°C, sera soumis à des vibrations destinées à le réduire en poussière, poussière qui servira ensuite de compost. Enfin, la résomation, ou bio-incinération, dissous les tissus humains dans un liquide chauffé composé d’eau et d’hydroxyde de potassium.

Ces options sont pour la plupart interdites sur le sol français, où la loi, très stricte en matière de funérailles, n’autorise que l’inhumation et la crémation. Une remise en question sera pourtant nécessaire, comme l’affirme Laëtitia Royant, co-auteure de l’ouvrage « Funérailles écologiques – Pour des obsèques respectueuses de l’homme et de la planète » . Les préoccupations écologiques et les nécessités démographiques deviennent à notre époque une question de vie et de mort.

Sources des photos : vimeo.com / french.alibaba.com / scholarblogs.emory.edu