Opération de la justice turque contre le quotidien Cumhuriyet
ISTANBUL (Reuters) – La police turque a procédé lundi à l’arrestation d’une douzaine de membres du personnel du quotidien d’opposition Cumhuriyet, dont son rédacteur en chef, accusés de crimes commis au nom des séparatistes kurdes et du réseau du prédicateur Fethullah Gülen, présenté par Ankara comme l’instigateur de la tentative de coup d’Etat du 15 juillet.
Dans un communiqué, le bureau des procureurs d’Istanbul précise que l’enquête a été ouverte en août à la suite de la publication d’articles potentiellement de nature à légitimer l’action des putschistes.
Sur son site internet, le quotidien indique que douze de ses salariés ont été arrêtés et précise que les ordinateurs portables de plusieurs d’entre eux ont été saisis à leur domicile.
Le rédacteur en chef du journal, Murat Sabuncu, a été arrêté et les logements des dirigeants et rédacteurs du journal ont été visés par des perquisitions, avaient rapporté plus tôt dans la matinée la chaîne CNN Türk et d’autres médias.
D’après CNN Türk, les procureurs ont délivré des mandats d’arrêt à l’encontre de treize journalistes et cadres du quotidien d’opposition, y compris Murat Sabuncu et le président du journal.
Le prédécesseur de Sabuncu à la rédaction en chef du journal, Can Dündar, a été condamné à cinq ans et dix mois de prison pour divulgation de secrets d’Etat pour avoir publié une vidéo montrant, selon le journal, une unité des services de renseignement turcs acheminant des armes par camions vers la Syrie en 2014.
Le journaliste a fui son pays après sa condamnation, dénoncée par des organisations de défense des droits de l’homme. « La Turquie est devenue la plus grande prison de journalistes au monde », a-t-il déclaré la semaine dernière à Strasbourg, où le Parlement européen a dénoncé les atteintes à la liberté de la presse en Turquie et affirmé que la tentative de coup d’Etat ne devait pas servir de prétexte à un recul des droits démocratiques.
(Humeyra Pamuk et Daren Butler; Nicolas Delame, Henri-Pierre André et Jean-Philippe Lefief pour le service français)