Ramzi Khiroun, l’homme qui murmure à l’oreille des personnalités
Ramzi Khiroun est un conseiller de l’ombre qui a conseillé DSK jusqu’à l’affaire Sofitel. Après la chute de son poulain, il s’est tourné vers Arnaud Lagardère dont il vient de quitter le groupe en juin dernier en échange d’une belle indemnité. Portrait d’un homme piquant.
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Mais qui est Ramzi Khiroun ? Longtemps demeuré dans l’ombre, ce conseiller spécial qui a été celui qui a murmuré, entre autres, à l’oreille de DSK ou d’Arnaud Lagardère, voit son nom de plus en plus cité. Elevé Chevalier de la légion d’honneur en 2014 par François Hollande, élu homme le plus influent de France en 2015 par la rédaction de L’Obs, il vient de quitter le comité exécutif du Groupe Lagardère en juin 2022 avec un chèque de 17 millions d’euros en poche. Comment ce fils de deux chauffeurs de taxi d’origine algérienne et tunisienne a pu graver les échelons au point d’occuper une place si stratégique dans le paysage politique et médiatique français ?
Ramzi Khiroun est né en 1971 dans le XVe arrondissement de Paris. Il grandit d’abord à Colombes puis à Sarcelles où il passe toute son adolescence, jusqu’à ses 21 ans. Il tente un Deug en gestion mais l’abandonne pour ouvrir, dès ses 22 ans, l’agence KR Communications. Très porté sur le métier de communicant, il décèle très vite l’intérêt de cette fonction dans le paysage médiatique. Décrit comme sûr de lui, vif et franc dans un milieu politique plutôt policé, il détonne et bouscule les codes. En témoigne cette anecdote qui raconte qu’il a forcé le véhicule de DSK à s’arrêter sur les Champs-Elysées pour se présenter en personne à l’homme politique. Une initiative porteuse de succès car très vite, il devient le conseiller spécial du futur candidat à l’investiture socialiste de 2006 en vue des élections présidentielles de 2007.
Cette arrivée dans les cercles de pouvoir de gauche lui permet de participer en tant que conseiller à la présidentielle de 2002 aux côtés de Lionel Jospin, le candidat du PS. Il œuvre ensuite à la candidature de DSK pour le FMI en 2007, suite à son duel interne perdu contre Ségolène Royal en 2006. Entre temps, il travaille au Vrai Journal sur Canal + mais aussi pour Euro RSCG, une agence de communication multinationale pour laquelle il est spécialiste des gestions de crise.
Sa collaboration avec Arnaud Lagardère démarre au lendemain de « l’affaire DSK ». Sans cet épisode du Sofitel, Ramzi Khiroun aurait probablement pu devenir un membre actif du pouvoir et atteindre un sommet politique dans sa carrière. Rattrapé par les démons de son poulain, il décide de ne pas poursuivre avec l’ancien directeur du FMI et se rapproche du grand Groupe Lagardère via l’influent Jean-Pierre Elkabbach. Il obtient d’ailleurs sa légion d’honneur aux côtés de l’ancien journaliste politique star d’Europe 1. C’est François Hollande qui lui remet. Un président qui est d’ailleurs aidé par Ramzi Khiroun après la publication du livre de Valérie Trierweiler le mettant en cause.
Aux côtés d’Arnaud Lagardère, il défend bec et ongles les intérêts du groupe. Sa farouche volonté de résister à tous ceux qui se mettent en travers de son chemin est régulièrement dénoncée par des collaborateurs ou des journalistes. Certains décrivent un homme « féroce », capable de menacer ou d’exercer des pressions sur ceux qui menacent ses intérêts. Si aucune charge officielle n’est retenue contre lui, il demeure toutefois un personnage controversé qui se moque bien de ce qu’il se dit sur lui. Ou du moins, qui veille à ce que rien ne se dise sur lui, ce qui pourrait, par ricochet, ennuyer des personnalités très importantes. Un livre qui lui était consacré a été rédigé par la journaliste de Marianne, Vanessa Ratignier. Alors qu’il était prêt à être édité par Robert Laffont, le livre n’empruntera finalement pas les chemins de l’imprimerie. Pourquoi ? Entre-temps, la maison-mère de Robert Laffont, Editis, est rachetée par Vivendi, qui devient également actionnaire majoritaire du… Groupe Lagardère.Un groupe qu’il quitte donc en juin 2022 après plus de 10 ans de service et avec de belles indemnités. Certains disent que le chèque est suffisamment élevé pour ne pas lui donner envie d’exprimer publiquement quelques secrets qu’il détient. Lui estime que « sa mission est finie », précisant qu’il part en très bons termes du groupe. Difficile cependant de croire qu’il va rester longtemps les bras croisés. Un autre défi lui trotte probablement déjà en tête.
Sources des photos : marianne.net / lexpress.fr