Abramovich : du pétrole au football, il n’y a qu’un oligarque Abramovich : du pétrole au football, il n’y a qu’un oligarque Abramovich : du pétrole au football, il n’y a qu’un oligarque
Biographie

Abramovich : du pétrole au football, il n’y a qu’un oligarque

Publié le 15 février 2016,
par VisionsMag.
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Roman Abramovich fait partie de ces « self made men » partis de rien qui suscitent autant la défiance que l’admiration. La réussite fulgurante de cet oligarque russe, qui filtre autant avec Vladimir Poutine qu’avec la jetset londonienne ne va néanmoins pas sans susciter de nombreuses interrogations. Alors qu’on l’apercevra peut-être dans les tribunes du Parc des Princes à l’occasion de la rencontre, en ligue des Champions, du PSG avec son équipe, le Chelsea Football Club, on s’interroge. Mais qui est vraiment Roman Abramovich?

Son enfance n’a rien d’un conte de fée, et c’est à deux ans, orphelin de père et de mère, qu’il rejoindra la région désolée du cercle arctique russe, Komi, ou il va passer son enfance.

Aujourd’hui, à quarante-neuf ans, il est classé par Forbes 137ème fortune mondiale, devant Steven Spielberg, et 12ème fortune de Russie, avec un patrimoine de 7,6 milliards de dollars. Il possède sept propriétés au Royaume-Uni, deux aux Etats-Unis, trois en France et quatre en Russie et est le plus grand acheteur de yachts au monde. Il est propriétaire du Chelsea Football Club, dont la valeur est estimée à 402 million de livres par Forbes, et possède un vaste portefeuille d’actions notamment minières et pétrolières.

L’orphelin devenu milliardaire

Il a été marié trois fois et est le père de sept enfants, dont l’aînée est connue comme étant « l’adolescente la plus riche du Royaume-Uni ». Celui qui ne se déplace jamais sans sa cohorte de 40 gardes du corps a même fait l’objet d’une biographie au titre évocateur « Football, Pétrole, Pouvoir »(1) .

C’est dans les années 80 qu’il démarre sa carrière d’homme d’affaire, profitant de la Perestroïka et de l’accélération des réformes économiques et sociales mise en place par Mikhaïl Gorbatchev. Il créé alors sa première entreprise privée, Uyut, qui commercialise des jouets en plastiques.

Il se tourne vite vers le pétrole et le trading, détournant des millions de litres du précieux liquide qu’il revend avec un juteux bénéfice. Il est saisi par la justice russe en 1992, qui le relaxera rapidement et qui lui aura permis au gré de fructueuses rencontres de nouer de solides relations. Au premier rang desquelles Boris Berezovsky, un proche du président Boris Eltsine, qui compte parmi les grands oligarques du pays.

Profitant, comme tout oligarque, de la privatisation des biens de l’Etat à la suite de l’effondrement de l’URSS, il investit à des prix extrêmement bas. Boris Berezovsky et lui acquièrent ensemble 49% du capital du géant du secteur des hydrocarbures Sibneft, pour une centaine de millions de dollars. C’est le début de son ascension et de sa fortune.

Derrière l’homme d’affaire, l’homme politique

En 1999, lorsque Vladimir Poutine accède au pouvoir, il transmet un message très clair aux oligarques du pays, « restez en dehors de la politique, et je ne reviendrai pas sur les privatisations« .

Quand on connaît le sort de ceux qui n’écoutèrent pas l’avertissement, qui finirent, dans le meilleur des cas, en exil, on peut s’étonner de celui de Roman Abramovich. Car ce dernier a su conserver de fortes relations avec le chef de l’Etat. Il sera même, entre 2000 et 2008, gouverneur du Chukotka, une région en faillite située au fin fonds de la Sibérie.

Abramovich : du pétrole au football, il n’y a qu’un oligarque
Comment un oligarque russe devient propriétaire d’un club de foot ?

Roman Abramovich s’ajoute à la longue liste des oligarques de Londres

Roman Abramovich prépare cependant depuis longtemps son installation au Royaume-Uni, dans un contexte russe complexe et imprévisible.

En 2003, il a déjà revendu ses parts dans le capital de Rusal (qui détient le monopole de l’extraction d’aluminium en Russie et dont il est propriétaire à 50%) et achète dans la foulée le Chelsea Football Club, pour 140 millions de livres. Un club qu’il affectionne particulièrement et dont il suit les matchs avec assiduité et émotion.

Quelques années plus tard, après avoir racheté les parts de Sibneft de Boris Berezovsky, alors en exil à Londres depuis 2001, et profitant du désengagement de l’Etat russe, il s’empare de 73% du capital de la compagnie. En 2005, il revend prêt de 80% de ses actions 130 fois plus cher (pour 13 milliards de dollars) au géant de l’industrie Gazprom. Un profit juteux qui lui vaudra de passer en justice devant la cour de Londres quelques années plus tard.

Une stratégie qui convertit le pétrole en ballon rond et les roubles en livres qui pourrait permettre à Roman Abramovich de sortir quasi indemne d’une situation économique où pétrole et roubles n’ont plus la cote.

Photos : espncdn.com / bleacherreport.com

(1) : « Football, Pétrole, Pouvoir », Editions du Toucan, Alban Traquet, 2008