Scott Thompson, le Monsieur e-commerce de la Silicon Valley
Une seule chose compte pour percer dans la Silicon Valley : le talent. Scott Thompson n’est peut-être pas le plus honnête, des dirigeants d’entreprises, mais on ne peut nier le talent et dynamisme avec lesquels il a pris la tête de géants tels que PayPal, Yahoo! et plus récemment le site ShopRunner.
Après avoir travaillé pour la holding Barclays Global Investors comme CIO, « Chief Information Officer », puis occupé le poste d’ « Information Technology Solution Leader » chez Coopers and Lybrand, un cabinet spécialisé dans l’audit et l’expertise comptable offrant des services aux entreprises, l’américain Scott Thompson se lance dans le secteur du paiement en ligne.
C’est au sein du groupe Visa, qui l’emploie de 1998 à 2005, qu’il entre dans le domaine du paiement en ligne. Il occupe le poste de vice-président des solutions technologiques de sa filiale Inovant. Il y est responsable du développement, du soutien et de la maintenance du système de paiement mondial de Visa.
Mais c’est chez eBay qu’il se fera le plus remarquer. Il travaillera au sein de PayPal, la filiale du groupe spécialisée dans les transactions en ligne, entre 2005 et 2012, tout d’abord comme directeur des systèmes d’information, puis en tant que vice-président, et enfin président à partir de 2008. Durant cette période, le chiffre d’affaire de PayPal explose, allant jusqu’à doubler, faisant de cette filiale la plus rentable du groupe eBay.
Scott Thompson ment sur son CV
Scott Thompson dirige Yahoo à partir de 2012 et entame une restructuration en profondeur de l’entreprise avec comme seule obsession l’augmentation de son chiffre d’affaire. Les services qui ne contribuent pas directement à cet objectif doivent être tout simplement fermés. 2000 emplois sont supprimés sous la présidence de Scott Thompson, ce qui représente 14% du personnel.
Mais Scott Thompson n’aura pas le temps de finaliser son plan de restructuration. Car Yahoo a cela de particulier qu’il lui est très difficile de garder un président plus de quelques mois. Il se retirera donc en mai 2012, un mois seulement après avoir entamé son plan de restructuration, poussé vers la sortie par le fonds spéculatif Third Point, actionnaire et membre du conseil d’administration du Groupe eBay.
Ce n’est pas la gestion parfois critiquée des ressources humaines qui lui vaudra de quitter le groupe, mais une accusation émanant de Dan Loeb, le président de Third Point, lui reprochant d’avoir falsifié certaines informations concernant son parcours universitaire sur son Curriculum Vitae. Titulaire d’un Bachelor en comptabilité, Scott Thompson aurait déclaré un diplôme en informatique qu’il n’aurait en fait pas obtenu. La fraude était flagrante, puisque la spécialisation sur laquelle porte le litige n’a été proposée par le Stonehill College que quatre ans après que Scott Thompson y ait achevé ses études. Certains voient dans cette manœuvre un moyen pour Third Point de prendre plus de pouvoir dans le conseil d’administration de Yahoo!. La stratégie semble payante puisque le fonds a obtenu trois sièges peu de temps après cette affaire.
Il n’aura pas tout perdu pour autant, puisque ses 130 jours de prestation chez Yahoo! lui auront tout de même rapporté pas moins de 7,3 millions de dollars. Remplacé par Marissa Mayer, toujours en poste à l’heure actuelle, il sera le dernier perdant d’une chaise musicale de cinq ans à la tête de l’entreprise.
ShopRunner, la start-up qui lui permet de rebondir
Mais le scandale de Yahoo! n’empêchera pas Scott Thompson de rebondir. C’est au sein de ShopRunner qu’il fera son grand retour dans les affaires, deux mois seulement après avoir quitté le géant Yahoo. Il rejoint la start-up en juillet 2012 comme directeur général, retrouvant le secteur de la vente en ligne qui avait fait sa carrière.
Le site d’e-commerce ShopRunner résulte d’un partenariat entre des milliers de grandes marques et boutiques afin d’optimiser les coûts logistiques, diminuer les frais, et proposer ainsi une livraison gratuite sous deux jours. La question du paiement sécurisé est bien entendue primordiale pour ce type d’activité. L’entreprise est très prometteuse et se pose même en challenger d’Amazon. Scott Thompson n’a peut être pas de Bachelor en informatique, mais il est très rompu au domaine du e-commerce. C’est sûrement la raison pour laquelle malgré la mauvaise publicité que lui ont fait Yahoo! et Third Point, il a été choisi à ce poste parmi tous les candidats possibles de la Silicon Valley.
Sources des photos : www.bloomberg.com / www.cio.com