Shortparis : un groupe de rock russe, underground et anti-guerre

Bonne chance pour les classer…

Shortparis, c’est d’abord trois copains d’enfance : Nikolai Komyagin (chant), Alexander Ionin (basse) et Pavel Lesnikov (batterie). Tous nés dans la ville industrielle de Novokouznetsk, ils déménagent ensemble à Saint-Pétersbourg en 2012 et fondent Shortparis. Rapidement rejoints par 2 autres locaux, Danila Kholodkov (batterie et percussions) et Alexander Galyanov (guitare et synthés), Shortparis sortira son premier album un an plus tard, en 2013.

Très vite, le groupe affiche un style post-punk, un peu indie, assez difficile à cataloguer. Le groupe se plaît à multiplier les contre-rythmes, notamment à la guitare, tandis qu’un synthé lancinant vient généralement ajouter un fond électro onirique. Probablement pour renforcer l’altérité, mais aussi pour témoigner de l’ouverture culturelle du groupe, plusieurs chansons sont écrites en anglais et en français.

Ces déclarations à la France, on les retrouve dans presque chacun des 4 albums. « Ma Russie », « Saint-Tropez », « Ma Sœur »… Il n’est pas nécessaire d’être russophone pour apprécier ! L’un de leur single le plus populaire « KoKoKo », bien que chanté en russe, fait par exemple référence aux événements de Mai 68.

… et bonne chance pour les faire cesser !

Vous l’aurez peut-être compris, mais Shortparis n’a que peu d’amour pour les carcans classiques et imposés. Dans sa musique, le groupe mêle les influences et les styles. En concert, le quintet déborde très souvent de la scène dans des envolées survoltées, proches de la transe. Et surtout, Shortparis répète très peu avant un live. Pourtant, il y a généralement beaucoup de danse, de chœurs, de mouvements… Mais le groupe souhaite encourager ce genre d’imprévus, sans pour autant jouer les minimalistes.

Et politiquement ? Là encore, le groupe sait se faire entendre. Et souvent en dissonance avec la « ligne officielle » ! Entre les références évidentes aux révolutionnaires (russes ou non), à Karl Marx, à George Bataille, à Mai 68… On comprend vite que Shortparis n’a pas peur de transgresser, mais n’est jamais moralisateur. Il s’agit plutôt de remettre en question, d’interroger, et surtout d’entamer le dialogue d’égal à égal avec une sorte de « pensée dominante » ou avec l’illustre culture russe des siècles précédents.

Bien que n’ayant pas sa langue dans sa poche, les membres du groupe sont toutefois parvenus à (généralement) éviter la censure. Les textes non-russes aident un peu mais surtout, ces derniers sont pleins de poésie, d’allégories et de symbolique que le groupe aime détourner parfois au prix d’une confusion imposée à ceux qui ne comprennent pas les paroles. En jouant sur l’ambiguïté, le message s’en trouve certes un peu brouillé, mais au moins, il n’est pas tué dans l’œuf et reste assez subtil.

Tournée américaine en été 2023

Surtout que les actes suivent ! En témoigne la tournée anti-guerre en Ukraine que le groupe va démarrer aux États-Unis en août prochain. Ou encore le passage en prison du chanteur Nikolai en février 2022, après une manifestation de protestation contre la guerre. Un mois plus tard d’ailleurs, Shortparis sortait un clip magnifique reprenant leur morceau Yablonnyj Sad, mais cette fois accompagné d’un chœur d’anciens combattants ayant servi durant la Seconde Guerre Mondiale contre l’Allemagne nazie. 

Là encore, les images et la magie de la musique suffisent à faire passer ces émotions de deuils, de tristesse et de révolte. Un vrai coup de cœur !

Photos : ticketm.net – wegow.com – axs.com

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