Svetlana Tikhanovskaïa : un symbole de l’opposition en Biélorussie

Actuellement réfugiée en Lituanie, elle est devenue ambassadrice des Nations Unies pour les droits de l’homme et la démocratie. 

Svetlana et Sergueï : un couple militant

Figure de l’opposition biélorusse, Svetlana Tikhanovskaïa, une mère de famille, enseignante et traductrice de 40 ans, s’est fait connaître dans le monde entier à l’occasion des révoltes contre l’indéboulonnable Loukachenko.

Son destin est fortement lié à celui de son mari, Sergueï Tikhanovski, à qui elle succède comme candidate après que celui-ci ait été arrêté pour « organisation ou préparation d’une grave atteinte à l’ordre public » le 29 mai 2020, et exclu de la course à la présidentielle.

Ce vidéaste est depuis 2019 l’initiateur d’une chaîne YouTube jugée dissidente, intitulée « Un pays à vivre », dans laquelle on le voit sillonner le pays pour interviewer des citoyennes et citoyens des zones rurales comme des villes sur leurs préoccupations quotidiennes. En 2020, il frôle les 250.000 abonnés et est vite considéré comme une menace par le pouvoir. D’autant plus que sa vidéo la plus populaire, comptant plus d’un million de vues (dans un pays de 9 millions d’habitants) concerne une citoyenne critiquant le président en place.

En 2021, il sera condamné à 18 ans de prison, la plus lourde peine jamais prononcée dans le pays contre un opposant politique.

2020 : l’année où tout a basculé pour Svetlana Tikhanovskaïa

L’année 2020 est l’année charnière pour Svetlana Tikhanovskaïa. C’est l’année où elle arrive sur le devant de la scène politique, mais aussi l’année où tout va basculer pour elle. C’est tout d’abord en 2020 qu’elle fonde son parti, le Conseil de coordination, qu’elle dirige depuis.

C’est en cette même année 2020 qu’elle se présente aux élections présidentielles biélorusses, sans grande expérience politique, avec le slogan « Changeons le pays ensemble ». Face à elle, Alexandre Loukachenko, le chef d’État européen en exercice à la plus grande longévité, et l’un des derniers dirigeants de l’ère soviétique à être encore au pouvoir. Loukachenko, est en effet à la tête de la Biélorussie depuis le 20 juillet 1994, soit près de 29 ans.

Une campagne en pleine pandémie de Covid-19

Toujours en 2020, dans un contexte de grandes tensions sociales et politiques, d’immenses manifestations ont lieu, malgré la crise sanitaire qui était alors à son apogée en Europe. La campagne de Svetlana Tikhanovskaïa prend alors rapidement de l’ampleur auprès des opposants au régime en place, notamment auprès des jeunes. 

Svetlana Tikhanovskaïa parvient à rallier avec elle plusieurs grandes figures d’opposition, notamment des femmes, telles que Maria Kolesnikova ou encore Véronika Tsepkalo. Cette forte présence féminine dans son équipe de campagne lui vaut de la part des commentateurs politiques l’appellation de « révolution des femmes ».

Parmi les thématiques mises en avant par Svetlana Tikhanovskaïa dans sa campagne : la mauvaise gestion de la crise sanitaire, mais surtout le manque de démocratie dans la vie politique biélorusse. Elle dénonce notamment les arrestations arbitraires d’opposants politiques. La veille du scrutin, sa porte-parole Maria Moroz sera d’ailleurs arrêtée…

La fuite de Svetlana Tikhanovskaïa vers la Lituanie

Le 9 août 2020, les résultats officiels de l’élection (qu’elle conteste) la donnent deuxième, avec 10% des suffrages (soit près de 600.000 voix), loin devant les candidats suivants, mais contre 80 % pour Alexandre Loukachenko.

Svetlana Tikhanovskaïa refuse ces résultats et se considère comme vainqueur de l’élection. Son refus du résultat entraînera des manifestations de ses partisans.

Deux jours plus tard, elle se dit contrainte de fuir et se réfugie en Lituanie où elle obtient protection. Elle crée alors depuis l’étranger un gouvernement biélorusse en exil. Bien que celui-ci ne soit pas reconnu par la communauté internationale, Svetlana Tikhanovskaïa est depuis son exil, devenue pour certains une figure de la lutte pour la démocratie. 

Elle a notamment prononcé un discours à l’ONU le 19 août 2020, plaidant pour des mesures de la communauté internationale pour aider le peuple biélorusse à lutter contre la répression. Un mois plus tard, elle est nommée ambassadrice de bonne volonté des Nations Unies pour les droits de l’homme et la démocratie.

Photos : lefigaro.fr – tdg.ch – la-croix.com – tetelegramme.fr

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