Trump promet d'aller jusqu'au bout malgré le scandale
NEW YORK (Reuters) – Donald Trump n’a aucune intention de renoncer à se présenter à l’élection présidentielle du 8 novembre, malgré le scandale provoqué par la diffusion, à la veille du deuxième débat face à Hillary Clinton, d’une vidéo tournée en 2005 dans laquelle il profère des obscénités au sujet des femmes.
Aussi bien sa femme que son colistier ont dénoncé ces propos, les jugeant insultants et indéfendables.
« Les médias et l’establishment veulent à tout prix me voir abandonner – JE NE ME RETIRERAI JAMAIS DE LA COURSE, NE LAISSERA JAMAIS TOMBER MES SUPPORTERS », a-t-il déclaré sur Twitter.
Il a ensuite brièvement quitté la « Trump Tower », où il s’était enfermé toute la journée avec ses conseillers, le gouverneur du New Jersey Chris Christie et l’ancien maire de New York Rudy Giuliani, pour aller saluer un petit groupe de partisans réunis devant l’immeuble new-yorkais.
Mike Pence, candidat à la vice-présidence sur le « ticket » Trump, s’est dit choqué par ses propos, qu’il juge indéfendables. « En tant qu’époux et père, j’ai été offensé par les propos tenus par Donald Trump et les actes qu’il décrits dans la vidéo vieille de onze ans diffusée hier. Je ne cautionne pas ses propos et ne peut les défendre », dit-il sur Twitter. Il assure toutefois qu’il continuera à le soutenir.
L’homme d’affaire a présenté ses excuses sur Facebook samedi matin pour tenter de désamorcer le scandale, mais elles n’ont pas empêché la multiplication des appels au retrait de sa candidature au sein de son propre parti.
Sur la vidéo de 2005, publiée par le Washington Post, on entend Donald Trump évoquer sa tentative de séduction d’une femme mariée et le loisir que l’on peut s’accorder, si l’on est connu, de tripoter les femmes.
Ces images avaient été enregistrées quelques mois après le mariage de Donald Trump avec Melania, sa troisième femme.
Dans un communiqué, cette dernière qualifie les mots de son mari « d’inacceptables et de blessants pour moi ».
« Ils ne représentent pas l’homme que je connais. Il a le coeur et l’esprit d’un dirigeant. J’espère que les gens accepteront ses excuses, comme je l’ai fait, et qu’ils se concentreront sur les problèmes auxquels doivent faire face notre nation et le monde. »
MULTIPLICATION DES CONDAMNATIONS CHEZ LES RÉPUBLICAINS
Plus de 60 dirigeants républicains de premier plan ont vivement condamné les propos de Donald Trump, dont Paul Ryan, le président de la Chambre des représentants et John McCain, candidat aux élections présidentielles de 2008.
Plus d’un vingtaine de membres du parti ont même appelé le magnat immobilier à se retirer de la course. Dans l’histoire politique américaine, il n’y aucun exemple d’un parti remplaçant son candidat à l’élection présidentielle si peu de temps avant le scrutin.
Il n’est pas sûr à ce stade s’il y aurait un moyen de retirer l’investiture à Donald Trump. Et le vote à commencé dans plusieurs Etats, y compris dans certains jugés décisifs, tels que la Virginie et la Caroline du Nord.
« Ceux qui me connaissent savent que ces paroles ne reflètent pas qui je suis. Je les ai dites, j’ai eu tort et je m’excuse », déclare-t-il dans l’enregistrement tourné à la hâte. « Ce n’est rien d’autre qu’un moyen pour détourner l’attention des questions importantes auxquelles nous sommes confrontés aujourd’hui. »
Evoquant ensuite les infidélités de Bill Clinton lorsqu’il était président, Trump prévient: « On en parlera un peu plus dans les prochains jours. Je vous donne rendez-vous pour le débat de dimanche ».
Au cours de la conversation enregistrée en 2005, Donald Trump, équipé d’un micro, bavarde avec Billy Bush, le présentateur de l’émission « Acces Hollywood », diffusé par NBC, juste avant le tournage d’une séquence.
« J’ai essayé de la b—. Elle était mariée. J’ai fait toutes les avances possibles, mais je n’y suis pas arrivé », entend-on dire le candidat républicain.
« Je commence à les embrasser. Et quand on est quelqu’un de connu, elles vous laissent faire. On les attrape par la ch—e. On peut faire tout ce que l’on veut. »
La vidéo reprise en boucle sur toutes les chaînes de télévision, vendredi soir, a fait l’effet d’une bombe au sein de son équipe de campagne et a conduit la hiérarchie républicaine à prendre ses distances avec le magnat de l’immobilier.
CINQ POINT D’AVANCE POUR HILLARY CLINTON AVANT LA VIDÉO
Pour Reince Priebus, président du Comité national républicain (RNC), « aucune femme ne devrait jamais être décrite dans ces termes ou évoquée de cette manière ».
Ce dernier ne participera pas à « Face the Nation », l’émission politique du dimanche sur CBS, où il sera remplacera par Rudy Giuliani.
Mitch McConnell, président du Sénat, a quant à lui jugé les propos de Trump « répugnants ». Son homologue de la Chambre des représentants, Paul Ryan, qui avait invité à Trump à le rejoindre dans le Wisconsin samedi, a décommandé et plusieurs voix se sont élevée pour que l’homme d’affaires cède la place à Mike Pence, jugé mieux à même d’incarner les valeurs républicaines.
Selon Mike Coffman, élu du Colorado, Trump devrait abandonner car « sa défaite est désormais quasiment certaine ».
Une analyse partagée par le stratège Ron Bonjean qui parle d’une « fin de partie politique » pour le magnat de l’immobilier. « Il faudrait que Trump réussisse à sortir un lapin de son chapeau pour renverser la tendance », a-t-il ajouté.
Certains républicains influents ont toutefois réaffirmé leur soutien à leur candidat à la présidentielle, dont l’un des enjeux sera la nomination d’un juge de la Cour suprême qui décidera de l’orientation libérale ou conservatrice de la plus haute juridiction.
Sur Twitter, Hillary Clinton a qualifié l’enregistrement d' »horrifiant », tout en ajoutant : « Nous ne pouvons permettre à cet homme de devenir président ».
La candidate démocrate devance Donald Trump de cinq points dans les intentions de vote pour l’élection présidentielle du 8 novembre aux Etats-Unis, selon un sondage Reuters-Ipsos publié vendredi.
(par Emily Stephenson. Avec la contribution de Jeff Mason et d’Emily Flitter à New York, d’Ayesha Rascoe à Chicago et d’Eric Beech et Mohammed Zargham à Washington; Jean-Philippe Lefief et Benoît Van Overstraeten pour le service français)