L'UE va supprimer les visas pour l'Ukraine et la Géorgie
BRUXELLES (Reuters) – L’Union européenne va procéder, comme elle en avait fait la promesse, à la suppression des visas pour les ressortissants ukrainiens et géorgiens souhaitant se rendre en Europe.
Les pays membres de l’UE et le Parlement européen sont parvenus à un compromis dans la nuit de mercredi à jeudi : les Ukrainiens et les Géorgiens pourront se rendre librement dans les pays de l’UE mais la délivrance de visas sera rétablie en cas d’urgence pour les résidents de ces deux anciennes républiques soviétiques.
L’Ukraine et la Géorgie souhaitent s’éloigner de l’influence de la Russie pour se rapprocher des Occidentaux mais éprouvent de la frustration face au peu d’empressement mis par les Européens à opérer un tel rapprochement.
L’affaire est importante pour les gouvernements de Kiev et Tbilissi qui ont mis en avant la perspective d’une facilitation des déplacements en Europe occidentale pour obtenir le soutien de leurs électeurs à des réformes difficiles.
Mais, depuis la crise migratoire de 2015, les gouvernements des Etats européens redoutent les réactions que pourraient avoir leurs opinions publiques face à la libéralisation promise des déplacements de quelque 45 millions d’Ukrainiens et cinq millions de Géorgiens.
En ne récompensant pas l’Ukraine et la Géorgie pour leurs réformes, l’UE risque de perdre sa crédibilité, a dit mercredi le président du Conseil européen Donald Tusk.
Avant de dire oui à la libéralisation des visas, la France et l’Allemagne, qui seront l’an prochain en année électorale dans un contexte de montée des partis xénophobes, ont exigé des mesures de contrôle efficaces.
Dans la nuit, des concessions ont été faites : les gouvernements pourront rétablir le système des visas très rapidement en cas de nécessité, sans avoir besoin du feu vert du Parlement européen.
« L’EUROPE TIENT SES PROMESSES »
Concrètement, la Commission européenne ou la majorité des Etats membres de l’UE pourront décider de suspendre, pour une période de neuf mois, l’exemption de visas dont bénéficie un pays dans le cas où les ressortissants du pays concerné dépasseraient de façon trop fréquente la durée de séjour qui leur est impartie, ou alors si les demandes d’asile se multipliaient.
Dans certains cas, l’UE pourra prolonger la suspension pendant 18 mois supplémentaires mais la procédure sera plus compliquée et le Parlement européen aura son mot à dire.
Le président ukrainien Petro Porochenko, a salué « des nouvelles encourageantes venues de Bruxelles ».
« L’Europe tient ses promesses », a pour sa part tweeté l’Allemand Manfred Weber, président du groupe du Parti populaire (PP, conservateurs) au Parlement européen.
La question de la suppression des visas dans l’UE est d’autant plus sensible que des négociations sont encours sur le sujet pour les 75 millions de Turcs, dans le cadre de l’accord conclu en mars dernier avec l’UE sur la fermeture aux migrants de la voie d’accès à l’Europe par la Turquie et la Grèce.
La Turquie a bien oeuvré pour fermer cette route pour les migrants, mais n’a pas rempli d’autres conditions et a en plus entamé une vaste répression de ses opposants après le coup d’Etat manqué de juillet dernier. Ce qui fait que le dossier libéralisation des visas est gelé.
Le ministre slovaque de l’Intérieur Robert Kalinak, qui a présidé les négociations du dossier visas, a déclaré que l’accord conclu la nuit dernière devrait permettre de faire progresser les discussions en cours avec d’autres Etats sur ce sujet pour peu qu’ils remplissent les « critères nécessaires ».
(par Gabriela Baczynska. Avec Matthias Williams à Kiev; Pierre Sérisier et Danielle Rouquié pour le service français)