Vanessa Nakate, la voix ougandaise pour l’écologie
L’activiste écologiste ougandaise Vanessa Nakate a fait la Une des journaux en dénonçant un acte raciste dont elle a été victime au dernier sommet de Davos. Ironie du sort : cela a permis de mettre en avant la militante écologiste ougandaise.
Le 25 janvier 2020, Vanessa Nakate dénonce publiquement un acte raciste après avoir été évincée d’une photographie prise lors du sommet de Davos quelques jours plus tôt. Elle pose alors aux côtés de Greta Thunberg et d’autres activistes pour une séance photo. Mais surprise à la publication du cliché par Associated Press : la jeune écologiste de 23 ans n’y apparaît pas.
A l’origine du scandale, l’agence se défend en affirmant que l’image a été recadrée afin de ne pas faire apparaître un immeuble se situant derrière la jeune femme. Selon David Ake, le directeur de la photographie de l’AP, cet édifice représentait une « distraction » pour l’œil. Or, Vanessa Nakate affirme également qu’ils ont également omis d’indiquer son nom dans la légende alors que ses homologues à la peau blanche y figurent toutes.
Pour répondre à cette injustice, la jeune femme poste alors une vidéo sur Twitter afin de dénoncer cet acte déplorant le racisme subit et l’évincement de la question africaine en matière d’écologie. Elle affirme notamment que « l’Afrique est le dernier émetteur de gaz à effet de serre » mais qu’il s’agit pourtant du continent le plus marqué par les crises écologiques. La vidéo, devenue virale, permet néanmoins à la militante écologiste de faire entendre sa voix et ses revendications.
La voix verte de l’Ouganda
Vanessa Nakate s’est engagée dans le combat écologique en Ouganda en décembre 2018. Elle est la première gréviste de son pays à rejoindre le mouvement initié par Greta Thunberg Fridays For Future. Elle proteste également seule durant plusieurs semaines devant le parlement ougandais afin d’alerter sur l’immobilisme des politiques de son pays en matière d’environnement.
Elle se fait rapidement connaître sur tout le continent africain grâce aux réseaux sociaux. Elle rapporte notamment les inquiétudes des scientifiques concernant les pluies tropicales du Congo vouées à disparaître, les sécheresses et inondations successives qui privent l’Ouganda d’une partie de son agriculture. Plus généralement, elle s’efforce de dénoncer les injustices climatiques sur l’ensemble du continent africain.
En 2019, elle crée le mouvement Youth For Future Africa, la voix de la jeunesse africaine pour alerter sur le réchauffement climatique.
Des interventions notables mais peu écoutées
Vanessa Nakate est l’une des plus jeunes intervenantes lors de la COP 25 de Madrid en décembre 2019 mais ses revendications restent vaines. Cependant, elle se fait remarquer par des jeunes activistes du monde entier et participe à la rédaction d’une lettre ouverte adressée aux gouvernements, entreprises et banques leur demandant de stopper tout investissement dans les énergies fossiles.
La polémique de son absence sur la photo permet finalement à Vanessa Nakate de se faire connaître du grand public après que sa vidéo Twitter a été relayée des milliers de fois.
Le 31 janvier 2020 s’est tenue à Stockholm une conférence sur le climat du mouvement Fridays For Future. Bien que non présente à la conférence, Vanessa Nakate est intervenue via un écran interposé afin de reparler de cette polémique tout en affirmant que les revendications des activistes africains sont trop souvent mises de côté. Nombre d’entre eux lui ont d’ailleurs confié qu’ils avaient eux-mêmes déjà connu ce genre de situation. Jouissant de sa médiatisation et de son pouvoir de diffusion, Greta Thunberg, en profite pour donner un coup de pouce à son homologue ougandaise en dénonçant le fait que les activistes de l’hémisphère sud sont souvent trop peu écoutés. « Effacer nos voix ne changera rien. Effacer notre histoire ne changera rien ». Vanessa Nakate souhaite poursuivre son combat et faire entendre ses revendications afin que son pays, l’Ouganda et plus généralement tout le continent africain, soient enfin entendus.
Photos : Twitter / rnd.de / thenation.com/