Yeo Bee Yin, une force malaisienne pour l’environnement
Le très renommé journal Nature la décrit comme la porte-parole de la lutte contre la pollution plastique, véritable fléau en Asie du Sud et en Malaisie. Récompensée pour ses efforts à réformer les politiques de gestion des ressources naturelles et environnementales, Yeo Bee Yin légifère, modernise et répréhende même. Portrait d’une femme forte, pour qui chaque problème a une solution.
« Une force pour l’environnement”
C’est en étudiant des puits de pétrole dans les déserts du Turkménistan que Bee Yin Yeo commence à se poser des questions sur le futur de cette planète et celui de sa propre carrière. En 2010, elle rentre en Malaisie, son master en ingénierie chimique décroché à la prestigieuse université britannique de Cambridge en poche. Yeo Bee Yin s’engage alors en politique et remporte un siège dans une assemblée locale dès 2013. Le tsunami politique qui frappe la Malaisie en 2018 évince la coalition au pouvoir depuis 1963 et fait place nette au nouveau gouvernement.
La jeune femme d’à peine 35 ans est nommée à la tête du ministère de l’Energie, des Sciences et Technologies, de l’Environnement et du changement climatique de Malaisie. Après avoir passé les cinq dernières années à dénoncer les politiques environnementales de son pays, elle va pouvoir les changer. Au tableau de ces changements politiques majeurs, la réforme du secteur de l’électricité. Yeo Bee Yin s’engage à développer les énergies renouvelables qui devraient passer de 2 à 20 % de la production énergétique d’ici 2030.
“La Malaisie est devenue la poubelle du monde”
Elle s’attaque également à un ennemi de taille: les déchets plastiques. Et pour cause ! En effet un rapport de Greenpeace paru en 2018 dévoile que 754.000 tonnes de déchets plastiques provenant de 19 pays dont l’Australie, le Royaume-Uni et la France, ont été importés en Malaisie cette année-là. “La Malaisie est devenue la poubelle du monde,” déclare solennellement Greenpeace Malaisie. Le dumping sur les déchets encourage la prolifération de centres de recyclage illégaux qui violent toutes les législations en incinérant ou enfouissant les déchets plastiques.
Yeo Bee Yin n’hésite pas à faire fermer 114 de ces centres pour endiguer les conséquences désastreuses sur l’environnement et les problèmes de santé publique qui touchent les populations qui vivent en marge de ces décharges géantes. La petite ville de Kuala Langkat, dans le district de Jenjarom, a été tristement rendue célèbre par la BBC. En effet, selon cette dernière, 33 de ces centres frauduleux de traitement du plastique y ont été identifiés. Et cela cache une réalité bien plus effrayante : d’après la chaîne d’informations britannique, cette seule petite ville de 30.000 habitants héberge 17 million de kg d’ordures plastiques.
l’objectif de Yeo Bee Yin: trouver des solutions aux problèmes
Après avoir envisagé une interdiction totale des importations de déchets plastiques, Bee Yin change son fusil d’épaule. En effet cela serait amputer la Malaisie d’une source de revenus nécessaire, alors elle décide de plutôt renforcer la législation qui devient ainsi plus stricte et impose aux entreprises spécialisées dans le traitement des déchets plastiques de détenir des permis. Appréciée pour sa prise d’initiatives, elle ne s’arrête pas là et insiste sur la nécessité de trouver des solutions de remplacement. Pour elle, la recherche doit être suffisamment soutenue par les fonds publics et le transfert de technologie de pays étrangers encouragé afin que la Malaisie puisse produire des plastiques biodégradables plus performants.
Julian Hyde, le directeur général de l’organisation environnementale Reef Check Malaysia, basée à Kuala Lumpur, apprécie son côté pragmatique. “Le plus important est qu’elle s’appuie sur une échelle-temps réaliste”, confie-t-il à Nature. Yeo Bee Yin est en effet à l’origine d’un plan national d’envergure qui s’étend sur douze ans, dont la feuille de route et le cadre législatif prévoient d’éliminer totalement les plastiques à usage unique en Malaisie d’ici 2030. Bee Yin aligne ainsi la Malaisie sur la tendance actuelle d’élimination progressive des plastiques à usage unique initiée par d’autres pays dans le monde. Qu’ils s’attaquent aux pailles, au couverts ou au sachets en plastique, l’Union européenne, le Bangladesh, la Chine, le Kenya, la Mauritanie, le Costa Rica ou encore les Bahamas ont aussi franchi le pas.
Yeo Bee Yin reste positive et refuse le défaitisme, même devant l’ampleur de la tâche. “Certains pensent aux problèmes des solutions, et non aux solutions des problèmes. Quand il n’est pas possible de faire comme d’habitude, on trouve une autre solution”. C’est certainement ce qu’elle s’est dit en pensant à l’avenir énergétique de la planète devant les puits de pétrole turkmènes.
Sources des photos : yeobeeyin.com / worldofbuzz.com / says.com /nst.com.my