Albayrak, gendre et ministre d’Erdogan face à la crise économique de la Turquie Albayrak, gendre et ministre d’Erdogan face à la crise économique de la Turquie Albayrak, gendre et ministre d’Erdogan face à la crise économique de la Turquie
Biographie

Albayrak, gendre et ministre d’Erdogan face à la crise économique de la Turquie

Publié le 21 décembre 2018,
par VisionsMag.
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Pour qu’un repas de famille se déroule paisiblement, il est préférable pour le jeune marié de bien s’entendre avec la belle-famille. En épousant Esra Erdogan en 2004, Berat Albayrak allait se préparer à cohabiter avec un beau-père particulier : Recep Erdogan, alors Premier ministre et futur président de la Turquie.

Les deux hommes se sont finalement bien entendus puisque quatorze ans après le mariage, le gendre en étant nommé au poste de ministre du trésor et des finances le 9 juillet 2018, est devenu le numéro deux du gouvernement. Les liens étaient de toute manière déjà bien établis puisque Sadik Albayrak, le père de Berat, est un théoricien religieux nationaliste qui s’est rangé rapidement derrière Recep Erdogan.

La nouvelle génération de l’élite turque

Berat Albayrak, beau garçon de 40 ans à la barbe finement et soigneusement taillée, parle anglais couramment et incarne la nouvelle génération de l’élite turque. Il est diplômé de l’université d’Istanbul et de l’université Pace de New-York. C’est d’ailleurs aux Etats-Unis qu’il rencontre Esra Erdogan, alors étudiante en sociologie à l’université de l’Indiana.

Leur mariage est célébré devant 7000 personnes et marque alors un rapprochement entre l’exécutif et le milieu économique. Berat Albayrak est en effet nommé très tôt à la tête de Calik Holding, un conglomérat actif dans l’énergie, le BTP et les médias. Il a 29 ans lorsqu’il en prend la direction en 2007 après avoir gravi tous les échelons depuis son entrée dans le groupe à la fin des années 1990.

Il gère l’acquisition du quotidien Sabah, devenu un organe de propagande du pouvoir islamo-conservateur et dans lequel il signe régulièrement des tribunes. Un achat évalué à plus d’un milliard d’euros qui a été rendu possible grâce aux prêts de banques publiques, facilités par la proximité du jeune homme avec le pouvoir. En 2015, il entre en politique et est élu député sous la bannière de l’AKP, le parti au pouvoir. Il est ensuite nommé ministre de l’Energie au cours de la même année.

Il vit le putsch raté de 2016 de l’intérieur

En 2016, la tentative de coup d’Etat contre Erdogan finalement loupée est vécue de l’intérieur par Berat Albayarak. Au moment du putsch raté, il est en vacances avec son beau-père sur la côte égéenne. Cet événement les rapproche et deux ans plus tard, le gendre parvient jusqu’à cette place de numéro deux du gouvernement turc. Cette nomination a été qualifiée de népotisme par les opposants à Erdogan qui attend de lui qu’il fasse entrer la Turquie dans le Top 10 des économies mondiales d’ici 2023.

Albayrak sillonne la planète entière à la recherche d’investisseurs afin de combler le déficit des comptes courants et de refinancer la dette nationale. Arrivé dans un contexte ultra-tendu économiquement à la suite des différents survenus au cours de l’été 2018 entre la Turquie et les Etats-Unis, Albayrak va être attendu sur sa capacité à redynamiser l’économie de la Turquie dont le taux de croissance devrait chuter à 4 % en 2018 après avoir atteint 7,4 % en 2017.

Albayrak, gendre et ministre d’Erdogan face à la crise économique de la Turquie
Albayrak, gendre et ministre de Recep Erdogan est attendu pour faire face à la crise économique que connaît actuellement laTurquie.
Albayrak, gendre et ministre d’Erdogan face à la crise économique de la Turquie

Il entend endiguer rapidement l’inflation

La dévaluation de la livre lors de la crise turco-américaine (perte de 25 % face au dollar) a provoqué une inflation considérable (plus de 25 % en octobre) et le ministre du Trésor, sans pour autant dévoiler ses méthodes, estime qu’elle sera endiguée d’ici à la fin de l’année. En attendant, les ménages subissent l’endettement en dollars de plein fouet.

Albayrak tente de rassurer par des discours faisant écho à ceux d’Erdogan : il refuse de parler de crise monétaire et insiste sur les « comploteurs qui spéculent » ou les « opérations planifiées contre la Turquie ». Une image de forteresse assiégée qui plaît beaucoup à l’opinion publique.

Attendu pour apporter de nouvelles idées, Albayrak sait bien qu’il ne doit pas dévier de la ligne de son beau-père qui aura toujours le dernier mot en matière d’économie. Une hiérarchie qui se prolonge jusqu’autour de la table familiale.

Sources des photos : gununyalanlari.com / francesoir.fr / ufilter.blogspot.com /