Ellis Jones, la première rédactrice en chef de Vice magazine

Lorsqu’Ellis Jones fut nommée rédactrice en chef du très réputé magazine Vice en février dernier, le flot d’emails de félicitations fut adressé à un certain Mr Ellis Jones. Erreur qui symbolisait l’évènement ! La jeune journaliste devenait en effet la première femme désignée rédacteur en chef d’un magazine vieux de 20 ans. Mais la confusion n’est pas surprenante lorsque l’on sait que la publication a toujours été caractérisée par une masculinité exacerbée. Confusion également due aux propos de la jeune femme qui récemment déclarait que les gens la prennent toujours « pour un mec ». Elle remplaçait ainsi, au pied levé, Rocco Castoro qui, lors d’un débat public en début d’année, quittait la publication avec fracas.

Vice traverse sans aucun doute une réelle période de maturation. L’actuelle directrice de l’exploitation Alyssa Mastromonaco n’est pas seulement une femme, elle est également une ancienne employée de la Maison Blanche. Elle s’est activée depuis qu’elle a pris ses fonctions à attirer une nouvelle frange de lecteurs vers le magazine. Et s’est efforcée par la même occasion de faire oublier le cliché du magazine rempli de blagues misogynes et graveleuses.

La mission d’Ellis Jones est aujourd’hui de continuer à faire vivre la version papier. Une mission délicate lorsque l’on sait que Vice tire ses plus intéressants revenus de ses activités digitales et vidéo.

Retour aux sources

Ellis Jones a commencé à Vice début 2009 en tant que stagiaire mais a su très rapidement gravir les échelons pour devenir Managing Editor dès 2012, une position située juste en dessous du rédacteur en chef.

Encore étudiante à l’université de sa ville natale d’Atlanta, un groupe d’amis lui avait fait découvrir la publication. De lors Jones voua un culte au magazine Vice. Après avoir lu des dizaines de magazines pour adolescentes comme YM ou Seventeen, Jones découvrit une publication en opposition totale avec ce qu’elle connaissait. Un vrai bol d’air frais, quelque chose qu’Ellis Jones n’avait jamais trouvé dans les magazines populaires de l’époque.

Passionnée par le coté anti-courant dominant et underground très poussé, elle se rendit alors au magazine pour postuler à un poste de stagiaire. A cette époque le magazine n’était qu’une publication papier flanquée d’une très faible présence digitale.

Jones gravit l’échelle éditoriale très rapidement. Elle quittera brièvement le magazine pour devenir chef du personnel pour la version en ligne du Daily Mail mais se rendra rapidement compte que, comme il est écrit dans l’article publiée par Vice pour célébrer sa promotion, « ce job [au Daily Mail] ne convenait pas à Ellis car elle tient trop à ses longues pauses déjeuner. »

Ellis Jones, un modèle ?

Lucide quant à sa position et le symbole qu’elle représente, Ellis Jones a immédiatement compris qu’elle serait scrutée et ses avis analysés. Notamment à propos de la politique d’égalité en vigueur au magazine Vice. « Les gens adorent détester Vice » a-t-elle confié « si quelque chose sortait de mauvais à propos des femmes, tout le monde se tournerait vers moi et dirait : Vice a une rédactrice en chef – Que pense-t-elle de ça ? » Sur ce point, Ellis Jones a d’ailleurs affirmé qu’il était plutôt positif pour le magazine d’avoir une femme à sa tête.

Son ambition aujourd’hui est de créer le magazine qui ressemble à celui qu’elle a tant aimé dans sa jeunesse et qui l’a tant attirée. Un magazine qui couvre les sujets que les autres ne couvrent pas suffisamment et qui fait des vagues autour des sujets populaires.

Avec le fait que l’entreprise Vice s’agrandisse, le risque pour Ellis Jones serait de devoir créer un magazine aseptisé qui ne contrarie pas les puissants. Une crainte que la nouvelle rédactrice en chef a déjà balayé d’un revers de main alors qu’elle affirmait que le magazine lui paraissait toujours aussi jeune et rebelle. Elle a garanti que Vice continuerait à appliquer un humour tranchant et publier des enquêtes percutantes. Vice sera – t-il capable d’évoluer tout en restant le même ? L’avenir nous le dira mais la nomination de la très talentueuse Ellis Jones à la tête du magazine est de très bon augure pour le magazine… et vice versa !

Sources des photos : pixel.nymag.com / vice.com

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