Evgueni Roïzman, terreur des narcotrafiquants et maire anti-Poutine Evgueni Roïzman, terreur des narcotrafiquants et maire anti-Poutine Evgueni Roïzman, terreur des narcotrafiquants et maire anti-Poutine
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Evgueni Roïzman, terreur des narcotrafiquants et maire anti-Poutine

Publié le 12 janvier 2015,
par VisionsMag.
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Ekaterinbourg, la quatrième ville de Russie et capitale de l’Oural, défraye la chronique depuis quelques temps. Elle s’est récemment émancipée de la coupe de Vladimir Poutine, en nommant à ses commandes un maire bien particulier : Evgueni Roïzman. La vie de ce personnage mystérieux et peu souriant de 52 ans a des airs de blockbuster, entre lutte acharnée contre un pouvoir oppressant et engagement social.

Né en 1962 dans une famille d’ouvriers juifs, Evgueni quitte le domicile familial à l’âge de 14 ans, et vit de petits boulots, jusqu’à 18 ans, où il est arrêté et emprisonné pour vol et fraude. Il passera deux ans en prison avant d’être innocenté et remis en liberté. Ce passage difficile renforce les convictions de Roïzman et son manque de confiance envers le système administratif soviétique. Le jeune homme monte tout de même par la suite une entreprise de joaillerie et se révèle être un entrepreneur talentueux.

Révolté contre l’apathie et l’absence de mesures sociales mises en place par le gouvernement Poutine, Evgueni se lance également dans la politique et est élu député en 2003. Il se présente aussi aux élections législatives mais est retiré de la liste électorale, suite à un conflit ouvert avec le parti au pouvoir. Loin de se décourager, le farouche guerrier russe décide de prendre les choses en main et crée dans sa ville natale d’Ekaterinbourg la fondation « Ville sans drogue ». L’association lutte contre les narcotrafiquants qui prolifèrent dans la région, et soigne les toxicomanes dans ses locaux.

Malgré le bon fondement de cette initiative, la critique est rude : les responsables municipaux, à la botte de Poutine, accusent la fondation de ‘kidnapper’ les toxicomanes dans la rue et d’utiliser des méthodes brutales (dont le confinement et la violence) pour sevrer les patients, les mettant ainsi en danger. Roïzman est également accusé d’entretenir des liens avec la mafia locale pour maintenir son association, qui met en péril les activités des trafiquants de drogue.

Des résultats qui font l’effet d’une bombe

Cependant, les accusations et les attaques d’intimidation (raids, interrogatoires, condamnations abusives…) répétées du gouvernement contre Evgueni n’ont pas fait plier cet homme imposant. Au contraire, il décide en 2013 de se présenter aux élections municipales d’Ekaterinbourg. Sa campagne, d’apparence banale aux yeux des occidentaux, est une révolution en Russie. Il substitue les costumes gris et les slogans communistes martelés durant les apparitions publiques des candidats par des t-shirts rouges, des manifestations sportives, des rencontres individuelles avec les électeurs et une dose phénoménale de populisme. Très vite, le mouvement prend de l’ampleur, car il représente une bouffée d’air frais pour les habitants de la ville, délaissée par le pouvoir central. Les résultats font l’effet d’une petite bombe : Evgueni arrache la victoire au candidat de Poutine, Yakov Silin, à 33% des voix, contre moins de 29%.

Cependant, cette victoire éclatante dans les urnes est en réalité limitée : les villes en Russie sont codirigées par un maire (ici, Evgueni Roïzman) et un ‘city manager’, qui à Ekaterinbourg est membre de Russie Unie, le parti de Poutine. En dépit d’une marge de manœuvre réduite, l’homme à la poigne de fer et à la volonté d’acier continue de lutter contre la corruption du parti dirigeant et le trafic de drogue, témoignant de l’émergence d’une nouvelle conscience politique engagée dans le pays.

Sources des photos : ladamedepique.ru / lesinrocks.com

Evgueni Roïzman, terreur des narcotrafiquants et maire anti-Poutine
Le nouveau maire de la quatrième ville de Russie est un personnage atypique : ancien détenu et fondateur d’un centre d’aide aux toxicomanes, le sévère Evgueni Roïzman vient de dérober la victoire à un parti dirigeant affaibli, et pourrait bien signer le début de la chute du régime Poutine.