La République de Nauru est un État insulaire situé dans le Pacifique Sud. Avec ses 21,3 km², Nauru est la plus petite république du monde. Elle compte 9267 habitants en 2010. Nauru n’a pas de capitale officielle ; la ville de Yaren, abritant le Parlement, est désigné comme capitale de fait du pays.
Une île restée fortement sous l’influence des colonisateurs…
Les habitants de Nauru sont appelés les Nauruans. Avant son accès à l’indépendance le 31 janvier 1968, Nauru a été successivement de colonie allemande (de 1888 à 1914) puis australienne (de 1914 à 1968), avec une transition entre 1942 et 1945, période d’occupation japonaise.
Malgré son émancipation vis-à-vis des colons, Nauru reste extrêmement marquée par la colonisation non seulement dans sa structure mais surtout dans sa culture. La religion protestante est celle dominante dans l’île. Le nauruan, langue officielle du pays, est supplantée par la langue anglaise qui est celle la plus utilisée à l’université et dans les domaines commercial et administratif. Le football australien est le sport national des Nauruans et le dollar australien est resté leur monnaie. Quant à sa structure, Nauru a hérité du système de Common Law.
Ainsi, même après sa libération, il est incontestable que la République de Nauru a du mal à se défaire de la façon de vivre, à tous les niveaux, importée par les colonisateurs.
Nauru pillée par les colonisateurs…
Dès le début du 20ème siècle, les colonisateurs prennent conscience de la richesse colossale que représentaient les réserves de phosphates de l’île. En 1907, l’extraction de phosphates devient la principale activité économique de Nauru. Rappelons que le phosphate est une ressource non renouvelable utilisée pour la confection d’explosifs et d’engrais. Le phosphate de Nauru a participé à la fabrication des armes pendant les deux guerres mondiales et l’engrais a aidé à sauver l’Inde de la famine. Ceci explique les intérêts démesurés des États pour Nauru. Ainsi pendant une grande partie du XXème siècle, l’île de Nauru était un terrain de conflits, disputée par des États ne se souciant que de leurs intérêts et faisant abstraction du homesteading. En effet, en vertu de ce principe, les habitants de Nauru sont les vrais propriétaires des terres exploitées. Pourtant les Nauruans n’ont consenti aucunement aux exploitations entreprises par les États colonisateurs- d’abord l’Allemagne par le biais de l’entreprise néo-zélandaise « Companie des Phosphates du Pacifique » puis l’Australie- D’autres acteurs sont également intervenus : la Grande-Bretagne, la Ligue des Nations, les Japonais, les États-Unis. Les gouvernements de ces États s’occupaient de la gestion des ressources de Nauru en écartant toute considération à l’égard de la population Nauruane.
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Une population plongée dans la désillusion…
En 1968, quand Nauru a obtenu son indépendance et quand la République représentative a été instaurée, les concessions minières ont été nationalisées. Le phosphate a été exploité à maximum. En 1974, le PIB par habitant de Nauru est le second du monde. La population profitant de ce niveau de vie plus que confortable encourage l’état dans son entreprise. Ainsi les dirigeants Nauruans misent encore plus sur l’exploitation de phosphate qui devient une surexploitation, sans considération pour l’avenir, ce qui permet aux Nauruans de gagner et de vivre loin au dessus de la moyenne du Pacifique. Les réserves de phosphates ont été rapidement gaspillées et c’est seulement dans les années 80, une fois que les strates de phosphates furent quasiment épuisées, que la population s’est rendu compte qu’elle venait de participer activement au vol de son avenir. Pour l’île, ce fut la fin de la « fête ». Le taux de chômage atteint aujourd’hui les 90%. Cette ruée vers le phosphate a entraîné non seulement des conséquences économiques terribles mais aussi un désastre environnemental et écologique. Pire encore, la population de Nauru porte physiquement les traces de cet abus d’exploitation qui a entraîné une surconsommation : le taux d’obésité chez les adultes s’élève à 90%.
Nauru, une île en reconstruction…
Au début des années 2000, Nauru tente de se reconstruire. L’exploitation de phosphate reprend après une remise à niveau des infrastructures. L’île se soucie désormais de l’avenir, en prévoyant un programme de réhabilitation des terres à la fin des exploitations.
Pour faire face à ses difficultés financières et afin de pouvoir relancer son économie, Nauru adopte des solutions à la limite de la légalité et provoquant des réactions négatives émanant de la communauté internationale. Nauru devient un paradis fiscal: on compte 400 shell banks ou banques fantômes sur l’île. Nauru se met également à vendre ses passeports.
A partir du milieu des années 2000, Nauru tente d’instaurer une pratique économique plus stricte et encourage désormais la privatisation des entreprises, même si des bases collectivistes et plusieurs compagnies publiques demeurent.
Blessée par un passif lourd, Nauru se reconstruit à petit pas. Elle encourage le développement de plusieurs domaines, tels que le tourisme, la pêche et l’exportation de noix de coco.