Pollution : plus polluant que le charbon allemand, la voiture française Pollution : plus polluant que le charbon allemand, la voiture française Pollution : plus polluant que le charbon allemand, la voiture française
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Pollution : plus polluant que le charbon allemand, la voiture française

Publié le 19 mars 2014,
par VisionsMag.
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Depuis quelques jours la nouvelle fait la une des journaux… L’exploitation du charbon allemand polluerait l’air des villes françaises. Une affirmation que l’analyse ne confirme pas. Si les centrales à charbon sont une menace réelle pour la santé; la mauvaise qualité de l’air sur les villes françaises est d’abord le fait de la circulation.

Il a suffit qu’un vent d’Est se lève sur Paris pour que la nouvelle enfle plus vite encore que ne progresse le taux de concentration de particules fines dans l’air… la pollution qui touche actuellement la France, arriverait d’Allemagne. L’Allemagne qui après l’abandon du nucléaire se voit contraint, pour subvenir à ses besoins énergétiques, d’utiliser à plein régime ses centrales à charbon. Du coup, les images d’une Ruhr plongée sous des pluies de suie noire reviennent hanter les esprits. Et la France se met à guetter angoissée le moindre souffle arrivant de Berlin, Dortmund ou Hanovre. La réalité est plus contrastée.

L’Allemagne n’a jamais renoncé au charbon. Sa consommation a simplement grimpé lorsqu’en mai 2011, après la catastrophe de Fukushima, le pays décide d’abandonner le nucléaire. En attendant une montée en puissance des énergies renouvelables, l’Allemagne fait donc tourner au maximum ses centrales à énergies fossiles. La production des centrales à lignite atteignait en 2013, 162 milliards de Kw/h et représentait plus de la moitié de la production électrique du pays. De plus, cette politique énergétique est favorisée par l’exploitation du gaz de schiste au Etats-Unis. Depuis plusieurs mois, les Etats-Unis expor

te du charbon en grande quantité et à un prix abordable.

Le déplacement forcé de 76 000 personnes

Cette transition énergétique pose de nombreuses interrogations. D’abord parce qu’elle se réalise parfois à marche forcée, en opposition avec la population locale. Ainsi pour permettre l’exploitation de la mine de lignite à ciel ouvert de Garzweiler II, près de Mönchengladbach, la cour constitutionelle allemande, en décembre 2013, a autorisé le déplacement forcé de 76 000 personnes.

Mais les interogations concernent surtout la santé. En 2010, une étude de l’Institut de l’Université de Stuttgart pour l’économie d’énergie montrait que l’exploitation des centrales aux charbons a un effet sensible sur la santé publique. La pollution de l’air induite par l’exploitation du charbon cause selon cette étude, réalisée en 2011, plus de décès que les accidents de la route. En Pologne, en Roumanie, en Bulgarie, mais aussi en Allemagne et au Royaume-Uni, la pollution provoquée par les 300 plus grandes centrales à charbon d’Europe, serait la cause de 22 300 décès prématurés par an. A la lumière de ce rapport, Greenpeace International estime que, chaque année, l’exploitation du charbon est responsable en Europe de la perte de 240 000 années de vie.

Pollution : plus polluant que le charbon allemand, la voiture française
Pollution : plus polluant que le charbon allemand, la voiture française

50% des particules rejetées dans l’air sont produites par le trafic routier

Faut-il faire pour autant faire le lien entre cette pollution et celle qui touche actuellement les grandes agglomérations françaises ? Pour Marion Wichmann-Fiebig qui dirige la section Air à l’Institut fédéral pour l’environnement (UBA) en Allemagne, s’il est possible que les rejets des centrales allemandes aient contribué à la mauvaise qualité de l’air à Paris, cela ne peut être que de manière marginale. Pour le président de Aiparif, Jean-Félix Bernard, l’épisode de pollution que connait la capitale française ne vient pas pour l’essentiel d’Allemagne mais du trafic routier. D’ailleurs, une étude menée par Airparif en 2011, montre qu’à l’abord des agglomérations plus de 50% des particules rejetées dans l’air sont produites par le trafic routier. Notamment par les moteurs diesel particulièrement polluants. Cette part ne s’élève qu’à 15% quand on prend en compte la totalité du pays.

Il semble donc que les causes de la pollution ne soient pas à chercher outre Rhin, mais localement. Et par conséquent, les solutions aussi. Aujourd’hui l’impact des mesures prises dans les villes européennes est difficile à cerner. Les dispositions temporaires, comme la circulation alternée à Paris, ont semble-t-il un effet limitée. Pour les villes qui ont opté pour des mesures permanentes, le péage urbain à Londres, les zones à faibles émissions, «Low Emission Zones», à Berlin, on note quelques améliorations. Mais là encore rien qui ne puisse remédier efficacement aux risques bien réels, bronchite, asthme, cancer, que la pollution fait courir à la santé.

On sait que la Chine qui connait de graves problèmes de pollution urbaine est en train d’accélérer le mouvement afin de généraliser la voiture électrique. D’ailleurs, il est déjà fréquent de voir à Shanghai de nombreuses stations de recharge pour véhicules électriques. Pour de nombreux spécialiste le futur des villes se trouve dans cette nouvelle génération de moteur. Bien plus que dans l’observation inquiète du ciel d’Allemagne.