Yasmeen Mjalli, nouvelle égérie de la mode et du féminisme au Moyen-Orient Yasmeen Mjalli, nouvelle égérie de la mode et du féminisme au Moyen-Orient Yasmeen Mjalli, nouvelle égérie de la mode et du féminisme au Moyen-Orient
Biographie

Yasmeen Mjalli, nouvelle égérie de la mode et du féminisme au Moyen-Orient

Publié le 28 août 2019,
par VisionsMag.
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Il y a trois ans, la Palestinienne Yasmeen Mjalli a lancé la marque Babyfist. Plus qu’une boutique en ligne, le site est également une plateforme de discussions et d’échanges qui cherche à faire évoluer les mentalités liées à l’égalité des sexes à travers le monde, et principalement en Cisjordanie.

«Not your habibti» (ndlr:«pas ta chérie»), «Chaque rose a sa révolution», «la voix des femmes déplace la montagne»… Les slogans inscrits sur des vêtements ou des sacs à main, en anglais ou en arabe, ne laissent que peu de doutes quant aux convictions de Yasmeen Mjalli : la jeune femme est féministe, activiste, créatrice. Par son talent et son art, elle clame haut et fort son combat pour l’égalité des sexes.

De l’Amérique au Moyen-Orient, le combat continue

À seulement 20 ans, après avoir grandi et été éduquée aux États-Unis, elle débarque en Cisjordanie. Elle y lance sa marque de vêtements en août 2017, puis, quelques mois plus tard, ouvre une boutique à Ramallah, pour compléter les ventes en ligne.

Dans ses valises, elle avait amené ses convictions féministes déjà bien affûtées Outre-Atlantique:
«la misogynie est un phénomène qui n’est ni arabe, ni musulman mais universel: les taux de violences domestiques, par exemple, sont exactement les mêmes aux Etats-Unis que dans le reste du monde.» En effet, aux USA déjà, Yasmeen Mjalli rédigeait à la peinture ces mantras sur ses propres vêtements. Comme beaucoup de femmes à travers le monde, elle a dû apprendre à se protéger des commentaires insultants, des regards inquiétants, et des mains qui l’agrippent dans la rue.

Désormais, ces slogans font partie inhérentes de ses créations. Si elle-même s’est souvent sentie isolée face au harcèlement de rue ou l’inégalité des sexes, elle sait que ces problématiques sont malheureusement universelles.

Via sa ligne de vêtements, la designer souhaite rappeler aux femmes harcelées qu’elles n’ont pas à se cacher face aux injustices qui les oppressent. Elles font partie d’un tout, d’un mouvement qui les dépasse et les soutient. Elles ne sont pas seules.

Tisser des liens pour mieux les renforcer

Néanmoins, Yasmeen est bien consciente que ce n’est pas un t-shirt qui mettra fin au harcèlement. C’est pour cette raison que sa boutique de Ramallah n’est pas utilisée uniquement pour vendre ses fabrications. Elle y organise également des ateliers gratuits, un espace protégé pour que les femmes puissent s’y exprimer librement. De tels rassemblements de sensibilisation, de partage et d’éducation se passent aussi dans des lieux publics, sur Instagram, et surtout, sur le site de sa marque Babyfist.

Dès ses débuts, la boutique en ligne proposait une section blog. Dans cet espace, la jeune Américano-Palestinienne y parle principalement de féminisme. Encore une fois, le but premier était d’engager ses lecteurs et lectrices à apprendre, communiquer, et éventuellement, briser quelques stéréotypes.

Depuis, le site a également lancé une campagne en ligne pour l’éducation des jeunes filles sur la menstruation, un sujet particulièrement tabou dans la culture palestinienne. Le programme scolaire ne disposant pas de cours d’éducation sexuelle, les filles sont souvent poussées à croire que leurs corps est une source de honte qui ne mérite aucune curiosité. Elles sont donc contraintes de s’en référer à leurs sœurs ou leurs mères, qui ont également dû composer avec ce manque d’enseignement. Le schéma se reproduisant ainsi génération après génération.

Désormais, les jeunes Palestiniennes pourront puiser informations et confiance à une autre source, puisque la marque Babyfist alloue 10 % de ses revenus à cette campagne et cible de plus en plus d’écoles depuis 2019 pour inscrire l’éducation sur les menstruations au programme scolaire des écoles pour jeunes filles.

Made in Palestine

Ainsi Babyfist ne se résume pas qu’à des slogans trendy sur du tissu. En alliant les actes à la parole, Yasmeen Mjalli est devenue une véritable activiste. Une jeune femme de 22 ans qui fait bouger les mentalités locales.

Elle a même participé à re-dynamiser l’économie locale, puisque ses créations sont intégralement fabriquées en Palestine, entre Gaza et la Cisjordanie. Un autre engagement plus que bienvenu puisque l’industrie textile de Gaza, depuis le blocus israélien, est devenu cinq fois moins important qu’avant.

Sources des photos : squarespace.com / timesofisrael.com /al-monitor.com

Yasmeen Mjalli, nouvelle égérie de la mode et du féminisme au Moyen-Orient
Il y a trois ans, la Palestinienne Yasmeen Mjalli a lancé la marque Babyfist. Plus qu'une boutique en ligne, le site est également une plateforme de discussions et d'échanges qui cherche à faire évoluer les mentalités liées à l'égalité des sexes à travers le monde, et principalement en Cisjordanie.
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