Germaine Greer, un demi-siècle de combats féministes et de controverses Germaine Greer, un demi-siècle de combats féministes et de controverses Germaine Greer, un demi-siècle de combats féministes et de controverses
Biographie

Germaine Greer, un demi-siècle de combats féministes et de controverses

Publié le 17 août 2017,
par VisionsMag.
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Trois quarts des femmes britanniques se déclarent être féministes. C’est du moins ce que tend à prouver une étude de l’agence de publicité UM London. En réponse à la question sur l’icône représentant le combat des femmes, le nom de Germaine Greer revient fréquemment chez les plus de 35 ans. Cette australienne, dont les idées ont souvent fait controverse, est devenue une figure incontournable du féminisme de la fin du XXe siècle. Libertaire et antilibérale, Germaine Greer ne prône pas l’égalité des femmes avec les hommes, mais une différentiation.

Ainée d’une famille de trois enfants, Germaine Greer naît à Melbourne en 1939. Elle quitte le foyer familial pour cause de mauvaise entente avec sa mère vraisemblablement atteinte du syndrome d’asperger. Elle suit ensuite une scolarité dans différentes écoles catholiques. En 1952, elle rejoint le Star of the Sea College de Gardenvale, tenu par des sœurs de la Présentation de Marie. Elle finit par renier sa foi catholique après avoir quitté l’école, trouvant « les arguments des nones sur l’existence de dieu non convaincant ».

Une évolution dans les milieux anarchistes

Germaine Greer rejoint l’université de Melbourne en 1956. Diplômée en 1959 en anglais, en français et en littérature, elle part ensuite pour Sydney où elle commence à fréquenter les milieux anarchistes et libertaires dont le Sydney Push. Elle décroche un poste d’enseignement à l’université de Sydney après avoir obtenu sa maitrise universitaire en poésie romantique en 1963. Sa thèse sur Byron lui permet d’obtenir une bourse pour le Newnham College de Cambridge en Angleterre où elle poursuit ensuite sa carrière d’enseignante.

Germaine Greer s’est fait connaitre mondialement à la suite de la publication de son livre « La Femme eunuque ». Elle y défend l’idée que le modèle de famille nucléaire largement répandu en Occident opprime sexuellement les femmes et est castrateur. Pour Germaine Greer la représentation stéréotypée de l’éternel féminin dans les magazines transforme la femme en une consommatrice et un emblème du pouvoir de son mari. Elle y attaque enfin le mythe de l’égalité entre hommes et femmes, position qu’elle tient encore fidèle à ce jour.

Aller au-delà du simple modèle d’égalité  hommes – femmes

En mars dernier, lors de la journée de la femme, Germaine Greer déclarait encore que l’égalité était un objectif très conservateur. « Les femmes doivent prendre davantage de hauteur et réaliser bien plus que simplement être au niveau des hommes». Pour elle, essayer d’égaler les hommes dans un monde profondément destructif n’est pas la bonne solution. Germaine Greer donne à son engagement une portée pacifiste et humaniste, rappelant au passage que les civils touchés dans les guerres sont souvent des femmes et des enfants.

La défense des femmes n’est pas l’unique moteur de Germaine Greer qui s’est longtemps dit communiste. Elle reste toutefois sceptique sur le succès des révolutions. « Je crois qu’une fois que vous obtenez une oligarchie qui essaie de rester au pouvoir, vous avez tous les traits non libéraux du régime précédent ». Germaine Greer s’est également jointe à lutte pour la défense des Aborigènes ainsi qu’à la cause écologique pour la défense des forêts humides d’Australie et de la cause animale.

Germaine Greer, un demi-siècle de combats féministes et de controverses
L’activiste australienne, figure marquante du féminisme de la fin du XXe siècle, est de plus en plus remise en question, notamment sur ses positions sur la transsexualité.
Germaine Greer, un demi-siècle de combats féministes et de controverses
Germaine Greer, un demi-siècle de combats féministes et de controverses

Germaine Greer : une position controversée sur la transsexualité

Germaine Greer est connue pour son style direct, parfois grossier et dépourvu de sentiments. En 2006, elle a choqué pour s’être réjoui de la mort de l’animateur Steve Irwin. Sa position sur les transgenres fait elle aussi polémique. En 2016 elle déclarait « simplement parce que vous vous coupez le pénis… Cela ne fait pas de vous une femme ». Ce positionnement jugé transphobe a émergé dès 1997, quand elle s’opposait à l’entrée au Newnham College, établissement strictement féminin, à la physicienne Rachael Padman arguant le fait qu’elle était née homme.

En 2016, Germaine Greer était nommée dans la Woman’s Hour Power List de Radio 4, une distinction un peu étonnante pour celle qui a toujours préféré fuir la célébrité, mis à part quelques aventures télévisuelles. En tête de cette liste, on trouve Margaret Thatcher qui partage avec Germaine Greer une certaine force de conviction et par voie de conséquence une propension à se faire des opposants. Si Germaine Greer reste une figure dans le combat pour le droit des femmes, certains aimeraient la voir s’effacer au profit de personnalités plus consensuelles.

Sources des photos : bbc.co.uk / myyearofproust.com / naa.gov.au