La Corée du Nord enverra des athlètes aux J.O. de Pyeongchang
SEOUL (Reuters) – La Corée du Nord a déclaré mardi à l’occasion des discussions bilatérales avec son voisin du Sud qu’elle enverrait une délégation aux Jeux Olympiques d’hiver de Pyeongchang en Corée du Sud, tandis que Séoul s’est dit prêt à lever certaines sanctions pour faciliter cette visite.
Lors de ces discussions intercoréennes, les premières officielles depuis plus de deux ans, la Corée du Nord a précisé que sa délégation serait composée d’athlètes, d’officiels de haut rang et d’une équipe de supporters.
Or, la Corée du Sud a interdit l’entrée de son territoire à plusieurs responsables nord-coréens en réponse aux essais nucléaires et aux tests de missiles effectués par le régime communiste de Pyongyang.
Dans le cas où des « mesures préliminaires » seraient nécessaires pour aider les Nord-Coréens, la Corée du Sud étudiera la question avec le Conseil de sécurité des Nations unies et les pays concernés, a déclaré le porte-parole de son ministère des Affaires étrangères, Roh Kyu-deok, lors d’un point de presse.
Lors de la rencontre de mardi, la première depuis décembre 2015, Séoul a proposé la tenue d’un dialogue entre les armées des deux pays afin de faire baisser la tension dans la péninsule ainsi qu’une réunion des familles séparées par la guerre de Corée d’ici les vacances du Nouvel an lunaire, prévues du 15 au 17 février, a indiqué le vice-ministre de l’Unification sud-coréen, Chun Hae-sung.
La Corée du Sud a également suggéré que les athlètes des deux Corées défilent ensemble lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques, a encore dit Chun Hae-sung.
Les athlètes des deux Corées n’ont plus défilé ensemble depuis les Jeux asiatiques d’hiver de 2007 en Chine. Les relations entre les deux pays se sont ensuite refroidies pendant une dizaine d’années.
« PREMIER CADEAU DE L’ANNÉE »
La rencontre, très suivie par la communauté internationale, a été interrompue pour une pause-déjeuner prise par les délégations séparément avant de reprendre dans l’après-midi.
La délégation nord-coréenne a franchi à pied la frontière vers 09h30 (00h30 GMT), a précisé un responsable du ministère sud-coréen de l’Unification et les discussions ont commencé à 10h00 (01h00 GMT) à la Maison de la paix, située dans la partie sud-coréenne de Panmunjom, village frontalier où avait été signé le cessez-le-feu à la fin de la guerre de Corée, en 1953. .
« La Corée du Nord a dit qu’elle était déterminée à faire des discussions de ce jour (…) une nouvelle opportunité », a noté Chun Hae-sung.
Il a également dit que la délégation sud-coréenne avait proposé la reprise des négociations au sujet du programme nucléaire du Nord, mais qu’elle n’avait pas reçu de réponse de la part de ses interlocuteurs.
Cependant, toujours selon Chun Hae-sung, les responsables nord-coréens ont dit lors des discussions être d’accord pour favoriser la réconciliation entre les deux pays par le dialogue et la négociation.
Avant l’ouverture des pourparlers, Ri Son Gwon, le chef de file de la délégation nord-coréenne, avait dit : « Nous sommes venus aujourd’hui à cette réunion avec l’idée d’offrir à nos frères, qui placent de grands espoirs dans ce dialogue, des résultats précieux comme premier cadeau de l’année ».
Les Etats-Unis, qui comptent 28.500 soldats en Corée du Sud, héritage de la guerre de Corée de 1950-1953, s’étaient dans un premier temps montrés sceptiques à l’égard de discussions inter-coréennes.
Mais depuis, le président américain Donald Trump les a qualifiées de « bonne chose », ajoutant que Washington s’y impliquerait au moment opportun.
Les discussions entre les deux pays ont été proposées la semaine dernière par le président sud-coréen Moon Jae-in en réponse à une offre de dialogue du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un. Elles ont été rendues possibles par la décision de la Corée du Sud et des Etats-Unis de repousser des manœuvres militaires conjointes prévues dans les prochaines semaines.
Le ministère chinois des Affaires étrangères s’est dit satisfait de voir se tenir les discussions inter-coréennes.
(par Christine Kim et Josh Smith. Avec Soyoung Kim et Hyonhee Shin à Séoul et David Brunnstrom, Jim Oliphant et Steve Holland à Washington; Benoît Van Overstraeten et Danielle Rouquié pour le service français)