Fake-news : l’arsenal de défense déployé par les réseaux sociaux
Depuis MySpace jusqu’à Facebook en passant par Twitter, l’essor des réseaux sociaux est menacé par l’explosion des fake-news. Ces fausses informations ou faux articles sont un phénomène toxique contre lequel les opérateurs de réseaux sociaux sont contraints d’organiser la riposte. Aux fake-news est de plus en plus opposée une politique éditoriale minutieuse de fact-checking.
La dangereuse viralité des fake-news
Les fake-news ne doivent pas être confondues avec les hoax, sorte de canular à l’ère du numérique. Elles peuvent être définies comme des informations tronquées, truquées, reprenant les codes de l’information classique, délibérément trompeuses avec comme objectif de désinformer et de nuire à autrui. L’enjeu est de taille : éviter que les fake-news influencent le vote des citoyens.
Les fake-news sont apparues de manière éclatante dans la sphère politique ces derniers mois avec le Brexit et l’élection présidentielle américaine. Au Royaume-Uni, la campagne des pro-Brexit s’est nourrie de ces fake-news comme celle traitant du coût présumé de l’Europe (410 millions d’euros par semaine) qui étranglerait le destin des anglais. De même, une large part de la campagne de Trump pour accéder à Washington s’est basée sur des chiffres, des faits, des allégations complètement erronées.
En France, durant la campagne présidentielle, et particulièrement dans l’entre-deux tours de l’élection, un nombre considérable de fake-news, de fausses rumeurs avec pour principale cible Emmanuel Macron, a pollué la toile. Celui qui allait être élu à l’Elysée s’est ainsi vu gratifier d’un certain nombre d’accusations calomnieuses : relation cachée avec sa belle-fille, compte bancaire aux Bahamas, meetings à moitié vides…
L’effet néfaste des fake-news réside dans le fait que ces informations délibérément trompeuses fleurissent sur Internet et sont démultipliées par la puissance virale des réseaux sociaux qu’il est très difficile de canaliser.
L’arsenal déployé pour lutter contre l’essor des fake-news
Contre les fake-news se développe la pratique éditoriale du fact-checking. Facebook s’est allié à l’International Fact-Checking Network (IFCN) permettant à ses membres de signaler des contenus jugés suspects qui sont alors soumis à vérification par des médias partenaires. De manière similaire, Google lance un label « Fact Check », s’appuyant sur des sites de fact-checking, afin de mettre en valeur des informations vérifiées sur son portail agrégateur d’informations Google Actualités.
En France, Facebook et Google viennent de s’allier avec de nombreux médias autour du projet CrossCheck dont l’objectif est de permettre aux rédactions de collaborer pour vérifier les contenus en ligne (sites d’actualités, forums, photos, vidéos).
Le partage des connaissances contre les fake-news
A côté des outils développés par les réseaux sociaux pour identifier les fake-news, d’autres projets ambitionnent de développer des plateformes de connaissances où les informations délivrées auront été vérifiées avant publication.
Autre initiative remarquable, le projet Wikitribune, complémentaire de la plate-forme Wikipédia, qui entend mettre un terme à l’épidémie d’informations erronées et délibérément trompeuses sur Internet. La communauté des contributeurs d’articles sera sollicitée afin de vérifier et sourcer les faits de manière transparente.
Le réseau social Quora, fondé par un ancien de Facebook, entend lutter contre les fake-news grâce à un partage de savoirs se fondant sur la crédibilité et la confiance des utilisateurs (plus de 200 millions d’abonnés). L’écosytème de Quora s’appuie sur des utilisateurs disposant d’une expertise dans différents domaines et devant s’inscrire sous leur véritable nom et indiquer leur statut professionnel.
On constate que face à l’essor des fake-news, les réseaux sociaux tentent de développer des outils qui introduisent de l’humain dans leurs algorithmes. Des plateformes de partage de savoirs se développent également afin de délivrer des informations et des connaissances jugées fiables car préalablement vérifiées par des experts.
Eduquer les jeunes générations aux médias
Il reste que lutter contre les fake-news qui bénéficient de l’effet viral de réseaux sociaux, devenus de véritables caisses de résonnance à l’ère numérique, est un défi majeur. En France, une proposition de loi sénatoriale visait récemment à pénaliser « la mise à disposition du public de nouvelles fausses non accompagnées des réserves nécessaires lorsque la publication est de nature à tromper et influencer directement le public à agir en conséquence et que sa mise à disposition a été faite de mauvaise foi ». Selon l’aveu même de sa promotrice, ce projet de loi visait modestement à lancer une réflexion sur le sujet plus qu’à l’endiguer.
Reste une clé de réussite à creuser pour combattre les fake-news : développer une solide éducation aux médias pour les jeunes générations. Un défi de taille pour nos gouvernants.
Photo : 20minutes.fr / targetgroup.co.uk