Jean-Pierre Jouyet, entre gauche et droite, portrait d’un socialo-libéral dans la tourmente
Et encore un scandale à gérer pour l’Elysée! Aujourd’hui c’est Jean Pierre Jouyet qui est au milieu de la tourmente. De gauche à droite… à gauche, depuis son passage à l’ENA, il a pourtant toujours su s’entourer des bonnes personnes pour être dans la place. Retour sur une ascension politique exemplaire qui a mené Jean-Pierre Jouyet au poste de secrétaire général de la présidence de la République.
Diplômé de l’institut d’études politiques de Paris et également titulaire d’un DEA en droit public, Jean-Pierre Jouyet a fait partit en 1980 de la promotion Voltaire de l’ENA. Cette promotion au destin incroyable qui a compté parmi ses grands noms François Hollande, Ségolène Royal ou encore Dominique de Villepin.
Il débute sa carrière en droit à la législation fiscale au sein du ministère des Finances. Entre 1988 et 2000, il est successivement directeur de cabinet de Roger Fauroux, ministre de l’Industrie, et de Jacques Delors, puis sera directeur adjoint du cabinet de Lionel Jospin. Au début des années 2000, Jean-Pierre Jouyet occupe le poste de directeur du Trésor et en 2004 sa carrière prend un tournant international lorsqu’il est nommé par Nicolas Sarkozy ambassadeur chargé des questions économiques internationales. Il sera nommé en 2007 secrétaire d’Etat chargé des Affaires européennes sous François Fillon. En 2008, Nicolas Sarkozy place Jean-Pierre Jouyet à la tête de l’AMF, autorité des marchés financiers.
Jean-Pierre Jouyet, « socialo-libéral » ou … « Socialo-Traitre »
Jean-Pierre Jouyet se dit homme politique de gauche, profondément européen et social-démocrate quand certains le traite de « socialo-traître ». Son appel à voter pour Bayrou et non pour Royal puis son mandat de ministre sous Fillon ont participé à créer la polémique lorsqu’en 2012, il devient directeur général de la caisse des dépôts et des consignations et qu’en 2014 il est nominé par Hollande lui-même secrétaire général de la présidence de la république. Un poste qu’il occupe toujours. « Je n’ai pas de doute sur l’aptitude de Jouyet à retourner sa veste : il était le bras armé de Nicolas Sarkozy, il deviendra, demain, celui de François Hollande. Que faire… c’est un ami » déclare ainsi Pascal Cherky, député de Paris. Et Daniel Goldberg député de Seine-Saint-Denis de renchérir : « Jean-Pierre Jouyet a été ministre de Nicolas Sarkozy au moment où il y avait un ministre de l’Identité nationale et où le gouvernement mettait en place le paquet fiscal, que nous détricotons aujourd’hui ».
L’ami intime de François Hollande…
Jean-Pierre Jouyet trouve cependant du soutien chez des amis à droite, comme à gauche qui saluent son expérience et ses compétences pour ces postes. Il n’en reste pas moins qu’elles n’ont pas à elles seules déterminé ce choix. François Hollande avait dit que ceux qui avaient soutenu Nicolas Sarkozy n’auraient rien. Il aura su faire une exception pour cet ami intime. En effet, camarades de classe à l’ENA et compagnons de chambre à l’armée, l’amitié Hollande/Jouyet dure depuis 35 ans. « Pendant les réunions, je suis secrétaire général, après je redeviens l’ami, on sépare public et privé de façon plus simple que ce que je croyais » déclare Jean-Pierre Jouyet à propos de sa collaboration professionnelle avec François Hollande.
Jean-Pierre Jouyet est finalement une sorte de caricature, gauche caviar, amis à gauche comme à droite, marié à Brigitte Taittinger, une des héritières Taittinger, PDG des parfums Annick Goutal et affichée de droite. Avec une ascension politique que certains qualifieraient d’exemplaire Jean-Pierre Jouyet est l’incarnation d’une nouvelle ligne socialo-libérale que certains opposent farouchement au socialisme traditionnel.
Mais la Success story était trop belle et son rôle majeure et ses balbutiements dans l’affaire Fillon/Jouyet risquent de lui coûter très cher. Plus haute était l’ascension…plus dure sera la chute ?
Sources des photos : www.leblogfinance.com / www.lemonde.fr / www.francetvinfo.fr