Mac Dol vs. McDonald’s : conflit alimentaire sur l’île d’Oléron
C’est au cœur de la commune de Dolus-d’Oléron que les avis divergent au sujet de l’implantation du géant américain McDonald’s. Le sujet est sur toutes les lèvres, au point de créer deux clans dans cette commune de Charente-Maritime (17). Grégory Gendre, maire, ancien journaliste et chargé de communication chez Greenpeace, lutte contre l’arrivée de ce fast-food, non sans difficulté.
En septembre 2017, le tribunal administratif de Poitiers annule le refus de permis de construire de Grégory Gendre, visant à établir un McDonald’s sur le territoire de sa commune. L’élu lutte depuis plusieurs années contre ce projet, souhaitant éloigner la malbouffe de son île. Depuis, son combat continue, au prix de nombreux efforts. En effet, la commune doit désormais payer une astreinte de 300 euros par jour tant que le maire ne délivre pas l’autorisation nécessaire au géant américain.
Pas intimidés et déterminés, Grégory Gendre et ses adjoints ont offert leurs indemnités d’élus au projet d’opposition. Cet élan de générosité, non dénué d’un certain marketing politique, est accompagné d’un important mouvement financier citoyen : plus de 300 particuliers de toute la France ont contribué à la cagnotte.
Un projet de ZAD gastronomique
Grégory Gendre, tel un irréductible gaulois face à l’envahisseur, ne baisse pas les bras et continue son militantisme. Sa potion magique ? Un projet de ZAD, ici entendez Zone d’alimentation durable, qu’il compte établir sur sa commune, voire au reste du territoire français. Son dessein est de construire un lieu alternatif et responsable sur l’emplacement d’une ancienne colonie de vacances, avec l’appui du syndicat d’agriculteurs, la Confédération paysanne.
Ce lieu culturel et solidaire devrait naître sous la forme d’une restauration à base de produits bios et locaux. Clou du projet, la nourriture récoltée serait répartie entre les cantines scolaires de la commune et les Restos du cœur. Le Mc Dol (Mouvement pour une alimentation citoyenne sur Dolus-d’Oléron) entre en guerre contre la malbouffe.
Une population mitigée face au projet McDonald’s
Cependant, une communauté non négligeable de locaux scande le droit de chacun à choisir ce qu’il veut manger. Non défavorables au projet de ZAD, les habitants de Dolus-d’Oléron prônent le fait que les deux établissement peuvent cohabiter sur l’île, à l’instar de Philippe Villa, élu d’opposition et propriétaire du terrain envisagé pour la construction du fast-food. L’argument majeur est d’ordre économique. L’arrivée d’un McDonald’s pourrait créer 38 emplois CDI à l’année et 30 emplois saisonniers.
Certains Dolusiens avancent en revanche la mort des petits commerçants et restaurateurs si ce mastodonte américain venait à s’implanter dans leur commune. Un collectif de soutien au maire s’est alors créé au deçà de l’île d’Oléron, et c’est à Paris que la lutte se met en œuvre, au profit d’un « Printemps de l’alimentation durable ». Parmi les soutiens de Grégory Gendre, on retrouve le restaurateur « locavore » Xavier Denamur et le réalisateur Guillaume Bodin, dont le documentaire « Zéro Phyto, 100% bio » sera proposé aux visiteurs de la ZAD, sorte de « laboratoire à ciel ouvert ».
Un cas qui n’est pas isolé
Ce différend n’est pas un cas unique en France. D’autres communes luttent contre l’implantation de restaurants fast-food en leur sein, comme c’est le cas de deux agglomérations du Val-d’Oise (95). Argenteuil s’est battue en 2017 contre l’arrivée d’un Burger King, « énième » fast-food de la ville selon l’opposition et la discorde divise Franconville, suite au projet de construction d’un McDonald’s à proximité de nombreux établissements scolaires.
Si l’argument phare de lutte contre l’obésité prédomine dans l’opinion publique, l’implantation de fast-foods reste croissante en France et, grâce à une stratégie de communication « bien cuisinée », ils attirent des clients de plus en plus nombreux.
Sources des photos : sudouest.fr / vivrefacile.com / epochtimes.fr