Pourquoi certains athlètes tombent en dépression après les JO?
C’a y’est : Paris 2024 c’est fini ! Et pour beaucoup d’athlètes, la descente post-JO va être difficile voire catastrophique. Car si les Jeux olympiques représentent l’apogée de la carrière de nombreux athlètes, un moment culminant où des années de préparation, de sacrifices et de rêves se cristallisent en une performance unique, une fois les projecteurs éteints et les spectateurs rentrés chez eux, beaucoup, et pas que ceux qui ont perdu, se retrouvent confrontés à un vide émotionnel et à une dépression. Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce phénomène complexe.
Pour les athlètes, les JO constituent souvent un objectif de vie, un rêve poursuivi depuis l’enfance. L’entraînement intense et la focalisation sur cette unique échéance peuvent devenir un mode de vie, structurant chaque journée, chaque décision. Après les JO, ce but atteint, ils se retrouvent souvent sans direction claire, ce qui peut créer un sentiment de vide et de désorientation. Le retour à une vie quotidienne sans ce but exaltant peut être déstabilisant.
Le stress et la pression post-compétition
La pression pour performer aux JO est immense. Les athlètes doivent non seulement répondre à leurs propres attentes, mais aussi à celles de leurs entraîneurs, de leurs familles, de leurs sponsors et de leurs pays. Une fois la compétition terminée, la libération de cette pression peut provoquer un contre-coup psychologique. La tension accumulée peut se transformer en fatigue extrême et en dépression, un phénomène parfois appelé « dépression post-Olympique ».
La fin de l’attention médiatique
Pendant les JO, les athlètes sont sous les feux des projecteurs, leur nom est acclamé, leurs exploits sont loués. Cependant, une fois les jeux terminés, cette attention s’évapore rapidement. Ce passage brutal de la célébrité à l’anonymat peut être difficile à gérer. La perte soudaine de reconnaissance et d’adoration peut laisser un sentiment de vide et de perte d’identité.
Les attentes irréalistes et les déceptions
Beaucoup d’athlètes arrivent aux JO avec de grandes attentes. Certains espèrent remporter une médaille, d’autres veulent battre un record personnel. Lorsqu’ils échouent à atteindre ces objectifs, le sentiment de déception peut être écrasant. Même pour ceux qui réussissent, la réalité ne correspond pas toujours aux attentes. Le rêve olympique est souvent idéalisé, et le retour à la réalité peut être difficile à accepter.
Les blessures et la récupération
Les JO peuvent également laisser des séquelles physiques. Les blessures sont courantes, et la douleur, combinée à la nécessité de rééducation et de récupération, peut être une source de stress et de dépression. Pour certains athlètes, les blessures subies peuvent mettre fin à leur carrière, les obligeant à envisager un avenir incertain sans le sport qui a défini leur vie.
Le besoin de réinvention personnelle
Enfin, les athlètes doivent souvent se réinventer après les JO. La carrière sportive, souvent courte, les oblige à envisager une reconversion professionnelle ou à trouver de nouveaux centres d’intérêt. Ce processus de réinvention peut être intimidant et source d’anxiété, car il nécessite de sortir de sa zone de confort et de se lancer dans l’inconnu.
Plusieurs athlètes célèbres ont ouvertement parlé de leur lutte contre la dépression après les Jeux Olympiques, mettant en lumière la réalité souvent cachée de la santé mentale des sportifs. Ainsi Michael Phelps, le nageur le plus décoré de l’histoire olympique avec 23 médailles d’or, a connu des épisodes de dépression sévère après chaque Jeux olympiques. Après les JO de 2012 à Londres, il a sombré dans une profonde dépression qui l’a conduit à envisager le suicide. Phelps a ensuite cherché de l’aide et est devenu un ardent défenseur de la santé mentale, utilisant sa plateforme pour sensibiliser et encourager les autres à demander de l’aide.
Michael Phelps, Simone Biles, Ian Thorpe… et tant d’autres
Simone Biles, la gymnaste américaine considérée comme l’une des plus grandes de tous les temps, a également parlé de ses luttes avec la santé mentale. Après les Jeux olympiques de 2016 à Rio, elle a ressenti une pression immense pour continuer à performer au plus haut niveau. En 2021, lors des JO de Tokyo, Biles a pris la décision courageuse de se retirer de plusieurs compétitions pour se concentrer sur sa santé mentale, citant des problèmes d’anxiété et de « twisties » (une désorientation en l’air).
Ian Thorpe, le nageur australien surnommé « Thorpedo » en raison de ses performances exceptionnelles, a également souffert de dépression après ses succès olympiques. Thorpe a remporté cinq médailles d’or aux Jeux olympiques de 2000 et 2004, mais a ensuite lutté contre une dépression sévère, qu’il a attribuée en partie à la fin de sa carrière sportive et à la perte de son identité en tant qu’athlète.
Allison Schmitt, une autre nageuse américaine et multiple médaillée olympique, a parlé publiquement de sa dépression après les Jeux olympiques de 2012. Schmitt a déclaré qu’elle avait du mal à gérer la vie après les Jeux et s’était sentie perdue sans l’objectif constant de l’entraînement et de la compétition. Elle est devenue une militante de la santé mentale, encourageant les autres athlètes à parler ouvertement de leurs problèmes et à chercher de l’aide.
Victoria Pendleton, la cycliste britannique double championne olympique, a également traversé une période de dépression après les Jeux olympiques de 2012 à Londres. Après avoir pris sa retraite du cyclisme professionnel, Pendleton a lutté pour trouver un nouveau but et s’est sentie déconnectée de la vie normale. Elle a parlé de son expérience pour sensibiliser aux défis psychologiques auxquels sont confrontés les athlètes après leur carrière.
Ces exemples montrent que même les athlètes les plus célèbres et qui ont gagné, peuvent être vulnérables à la dépression et aux problèmes de santé mentale après les Jeux olympiques. Leur ouverture et leur volonté de partager leurs expériences ont contribué à briser les stigmates associés à la santé mentale dans le sport et à encourager d’autres athlètes à chercher de l’aide.
Pour mieux soutenir les athlètes, il est essentiel de reconnaître ces défis et de leur offrir un accompagnement psychologique et des ressources pour les aider à naviguer cette transition délicate. La préparation mentale doit devenir une composante essentielle de l’entraînement des athlètes, afin de les préparer non seulement à la compétition, mais aussi à la vie après les Jeux.
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