Le 13 mai 2006, le monde de la boxe apprenait stupéfait la mort de Ramon Dekkers, à l’âge de 43 ans. L’homme aux 95 K.O. était une légende vivante de la boxe thaïe, l’un des rares étrangers à s’être imposé dans les arènes surchauffées de Bangkok.
Bangkok, juin 1991, 34° de température extérieure, à l’intérieur du Lumpinee boxing stadium, temple de la boxe thaïe (Muay-thaï) l’ambiance est électrique. Ramon Dekkers, le boxeur « faraing » défie sur son terrain, l’idole de tout un peuple, Coban Lookchaomaesaitong. Le combat vient à peine de commencer, devant 10 000 spectateurs en transe, Ramon Dekkers assène à son adversaire une série de crochets d’une incroyable violence. Coban résiste une bonne minute, avant de s’écrouler et de mordre la poussière : K.O ! La légende du « diamant » surnom de Dekkers est en route. Il sera désigné en 1992, boxeur de l’année en Thaïlande. Plus qu’un titre…une consécration !
95 victoires par K.O.
Ramon Dekkers, c’est avant tout une gueule d’ange, associé à crochet du gauche dévastateur. Un boxeur qui allie une technique irréprochable et un punch qui fait des ravages. A son bilan : 95 victoires par K.O. Son palmarès est l’un des plus beaux de la Muay-thaï, 185 victoires pour 210 combats et huit titres de champion du monde. Homme de défis, Ramon Dekkers, sera l’un des premiers à oser combattre les plus grands champions thaïs dans leurs arènes mythiques du Lumpinee et du Rajadomnoen stadium.
Né à Breda au Pays-Bas en 1969, Ramon Dekkers a découvert la boxe thaïe à l’âge de quinze ans. Il avait auparavant testé le judo. Pour ce jeune adolescent, la boxe thaïe agit comme une révélation. Il s’y révèle rapidement très doué. Quelques mois après avoir commencé l’entrainement, il monte sur le ring pour son tout premier combat. Résultat : une victoire par K.O. Il vient d’avoir seize ans.
Tout un combat avec un seul poing
A dix-huit ans, Ramon Dekkers devient champion poids plume des Pays-Bas. Encore une fois, il met son adversaire à terre et gagne le combat par KO. C’est son premier titre. Ensuite, les victoires s’enchaînent au cours d’une carrière qui fera de lui l’une des légendes de la boxe thaï. Ramon Dekkers est reconnu pour sa détermination et sa générosité. Le boxeur ne recule et ne se dérobe jamais. Comme en 2005 où il affronte l’américain Duane Ludwing quelques jours après s’être déchiré un ligament à l’épaule droite. Il fera tout le combat, jusqu’à la victoire, avec un seul poing.
Sa générosité sur les rings en fait l’un des boxeurs les plus spectaculaires et les plus demandés du public. Souvent, trop souvent disent les spécialistes, il accepte deux combats la même semaine, parfois sur deux continents différents ; le mercredi soir à Paris, le samedi à Bangkok. Et lorsqu’on lui demande la raison de cette boulimie, il n’a qu’une seule réponse : la passion.
Le monde lui rend hommage
Le 13 mai 2006, à Amsterdam, il met un terme à vingt ans d’une carrière unique. De retour à Breda, dans sa ville natale, il va alors se consacrer à ses deux équipes, Team Dekkers et Golden Glory, avec l’ambition de former de nouveaux champions. C’est toujours en plein effort que la mort le fauche, le 27 février 2013 alors qu’il s’entraîne à vélo. Il s’écroule sur la route, victime d’une crise cardiaque.
Son décès suscite une très vive émotion en Europe et en Thaïlande. Tous les aficionados de la boxe thaïe et de nombreux champions lui rendent hommage Parmi ces messages, celui de son plus grand challenger en Europe, le français Joe Prestia, qu’il rencontrera deux fois pour le titre mondial (1 victoire, 1 défaite). Le français évoque un boxeur hors norme et un homme exceptionnel. « C’est un honneur que d’avoir combattu avec cette légende de la boxe » confie-t-il. Pour tous les amateurs, c’est un monument du sport qui a disparu en mai 2013. Il y avait un Mohamed Ali, pour la boxe anglaise, il n’y a maintenant un Ramon Dekkers pour la Muay-thaï.
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