Marlene Dumas, l'artiste qui assourdit la controverse Marlene Dumas, l'artiste qui assourdit la controverse Marlene Dumas, l'artiste qui assourdit la controverse
Biographie

Marlene Dumas, l'artiste qui assourdit la controverse

Publié le 30 avril 2013,
par VisionsMag.
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Bien que bénéficiant d’une excellente réputation auprès des amateurs d’art depuis les années 70, Marlene Dumas explosera aux yeux du monde en 2010 à travers sa toile très controversée « Osama ». Un portait du terroriste le plus recherché du monde. Tandis que ses compères versent dans le politiquement correct, l’artiste choisit la provocation. Un leitmotiv, une originalité, un combat artistique.

Impossible de dissocier Marlene Dumas des illustres impressionnistes qui l’ont précédée. L’artiste a su dignement reprendre et porter bien haut le flambeau transmis par les Claude Monet, les Edouard Manet et les autres peintres pionniers de cette forme d’expression artistique. Marlene Dumas est l’ambassadrice d’un impressionnisme ancré dans le temps présent, dénué de tout artifice et profondément humain. « Peindre concret et vivant », comme les initiateurs du mouvement l’avaient esquissé à la fin du XIXème siècle.

Marlene Dumas naît un 3 août 1953 en Afrique du Sud, le pays de Mandela, tout un symbole. L’art « Ndebele » y est une caractéristique artistique qui suscite l’intérêt des touristes. L’une des particularités de cet art est que seules les femmes sont habilitées à les exécuter. Bien qu’issue d’une famille de « boers », Marlene Dumas perpétue, à son niveau, cette tradition sud-africaine. Le futur porte-étendard d’une génération d’artistes africains transcendera les frontières et s’installera aux Pays-Bas en 1976. Elle intègrera les « Ateliers ’63 » de Harleem pour une brillante carrière menée tambour battant.

Œuvres sentimentales

Les œuvres de Marlene Dumas sont épurées. C’est comme un pied de nez bien senti à l’encontre de l’expressionnisme originel. L’artiste s’inscrit plutôt dans une démarche de néo expressionnisme dans l’air du temps sans abandonner les fondamentaux. Les thématiques concernant l’homme et l’humanité en général sont des obsessions pour l’artiste : l’amour, la haine, la guerre, la religion, la sexualité… rien n’est épargné dans ses tableaux souvent minimalistes.

A travers sa peinture, la douleur, l’extase, la souffrance… sont magnifiées. Sans être sadique, Marlene Dumas aime dépeindre la souffrance par le biais de toiles crues. Elle n’hésitera pas à montrer la détresse d’un enfant malade, « zoomant » sur son alerte et sa détresse. Loin d’elle l’idée de choquer ou de heurter la sensibilité du spectateur mais l’artiste aime faire bouger les lignes. Elle explique ainsi qu’ « une œuvre d’art réussie est une liaison entre le peintre et le spectateur ». Ses toiles réussissent souvent avec brio à transmettre ces sentiments, en laissant rarement indifférent.

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Portraits et controverses

Au fil de sa carrière, Marlene Dumas a écumé les expositions, les biennales et les rencontres internationales, grâce, notamment, à ses portraits poignants d’une rare force expressive. Les plus célèbres demeurent ceux d’Amy Winehouse et d’Oussama Ben Laden. Le premier intitulé « Amy Blue » retranscrit parfaitement le « blues » dont a souffert le long de sa vie éphémère la chanteuse de soul. Regard vitré, pointe de mélancolie, la toile dépeint en quelques gammes chromatiques la personnalité de la star britannique.

Le portrait d’Oussama Ben Laden, quant à lui, acquis par le Stedelijk Museum d’Amsterdam en 2012, pourrait être perçu comme un bref résumé de l’art de Marlene Dumas. Bien qu’elle ait choisi un personnage controversé, symbolisant et incarnant le mal absolu pour certains, le tableau s’évertue à mettre en avant son « humanité ». Le choix de la couleur jaune rehausse cette chaleur. Marlene Dumas ne verse ni dans le lyrisme ni dans le catastrophisme. Ses tableaux sont les reflets de la vie. Ses portraits sont le miroir des hommes.

Les sentiments, mis à nu

La sexualité est un autre élément central dans la panoplie de Marlene Dumas. « Mes tableaux parlent d’histoire d’amour », explique-t-elle. Les corps nus, difformes, profondément expressifs, sont autant d’invitations à découvrir les conditions sociales de ses modèles. A travers ses nus, la peintre sud-africaine s’amuse à varier les genres et les styles. Jamais trop éloignées de l’expressionnisme, ses toiles font pourtant découvrir d’autres facettes de sa culture. Ses fresques font l’apologie de la fluidité des objets et des corps. Les tableaux de l’artiste jouent la plupart du temps son rôle de pont émotionnel. « Ce qui m’intéresse c’est la tension entre suggestion et interprétation », aime-t-elle à commenter.

Même si Marlene Dumas veut incarner le nouvel impressionnisme, elle n’hésite pas à agrémenter ses fresques de textes et de commentaires, « non pour expliquer mais pour participer à ma propre histoire », résume-t-elle. Tous les procédés graphiques sont pour elle autant de média servant à communiquer. Ainsi, le découpage de photo est chez l’artiste, une technique fréquemment employée. En somme, Marlene Dumas est une artiste inclassifiable. Ses œuvres l’ont déjà fait entrer au panthéon des arts modernes. Une juste récompense pour une peintre résolument différente.