RoboEarth, le Wikipédia des robots RoboEarth, le Wikipédia des robots RoboEarth, le Wikipédia des robots
Innovation

RoboEarth, le Wikipédia des robots

Publié le 22 mai 2014,
par VisionsMag.
Partager
()

Le 16 janvier a eu lieu à Eindhoven un test grandeur nature qui fera date dans l’histoire de la robotique. 4 robots étaient chargés d’effectuer différentes tâches au sein d’un milieu hospitalier recréé pour l’occasion. S’occuper du patient en lui apportant un verre d’eau, vérifier son pilulier, naviguer dans la chambre, toutes ces opérations ont été effectuées avec succès. Si les notions et la mise en application de la robotique d’assistance n’ont rien d’exceptionnel, la manière dont ces robots se sont acquittés de leurs tâches est, lui, révolutionnaire : car ceux-ci n’avaient reçu au préalable aucune programmation.

Cette expérience a démontré l’avancement du projet RoboEarth, initié en 2009 par 5 universités (Munich, Stuttgart, Saragosse, Eindhoven et Zurich), soutenues par l’Union Européenne et par la société Philips. L’équipe de 35 personnes est parvenue à créer une gigantesque base de données vers laquelle chaque robot pourra se connecter afin non seulement de récupérer des informations et des instructions, mais aussi de mettre à jour et de compléter cette base de connaissances.

Utilisant le principe du Cloud Computing, cette plateforme nommée Rapyuta utilise un protocole web standard, accessible depuis n’importe quel navigateur. Son contenu est ensuite encodé dans un langage exploitable par le système d’exploitation des robots. « Aujourd’hui, la plupart des robots sont comme des îles, déconnectées les uns des autres. Le but du projet RoboEarth est de permettre aux robots de partager des connaissances concernant leur environnement et d’apprendre les uns des autres. Le projet vise la création d’un Internet pour Robots, soit une plateforme à la fois évolutive et accessible, même s’ils ont différents hardware et software », déclare Markus Waibel, membre du projet à l’École polytechnique fédérale de Zurich. Projet Open Source, RoboEarth pourra donc être utilisé et amélioré par tout un chacun.

Déroulement de l’expérience

La manière dont les robots ont accompli leurs tâches lors de l’expérience du 16 janvier à Eindhoven est la suivante : un premier robot, équipé d’un capteur Kinect, a pénétré dans la chambre afin d’en effectuer la cartographie, pour l’envoyer par la suite dans la base de données. Un deuxième robot s’y connecte afin de récupérer ces informations, ainsi que les tâches qui lui sont demandées, en l’occurrence servir un verre d’eau au patient. Les informations recueillies par le deuxième robot sont elles aussi uploadées vers la base, afin d’en faire profiter le troisième robot, et ainsi de suite jusqu’à l’obtention d’une autonomie totale. Toujours selon Markus Waibel, « Cette plateforme stocke des informations cartographiques (par exemple un plan de sol ou une scène en 3D), mais aussi des informations sur les objets, à savoir ses caractéristiques physiques comme son poids ou sa forme, aussi bien que non physiques, comme son nom ou son code bar. Des informations sur la façon d’utiliser l’objet sont aussi disponibles, par exemple la manière de s’en saisir, ou les trajectoires pour ouvrir une porte ».

Progrès technologique et baisse des coûts

Permettre un partage d’expérience entre robots ne signifie pas seulement une plus grande efficacité de leur part. Jusqu’ici, un robot était bien souvent monotâche, ne sachant accomplir que ce pour quoi il avait été programmé. Une programmation comptant pour beaucoup dans son prix. Avec l’avènement du Cloud et du partage de connaissances, des robots plus évolutifs, s’adaptant d’eux-mêmes à leur environnement et à même d’effectuer un travail collaboratif vont apparaitre. Et surtout, sans la nécessité d’une programmation complexe, leur coût de revient et de maintenance deviendra beaucoup plus attractif.

Autre avantage : les calculs complexes ne seront plus à effectuer par les robots, mais pourront être traités depuis Rapyuta. Un retour au système du Mainframe, architecture Client/Serveur, requérant moins de puissance de la part des robots. Dans un très court terme, « Je pense que RoboEarth sera très utile pour les robots de service dans des environnements semi-structurés tels que des musées, des centres de soins, des bibliothèques ou des aéroports », déclare Markus Waibel.

RoboEarth, le Wikipédia des robots
Le projet RoboEarth , dont la première démonstration publique s’est déroulée avec succès, marque le début d’une nouvelle approche de la robotique.

Essor de la robotique

Ces dernières années marquent sans conteste un bouleversement dans le domaine de la robotique. Autrefois majoritairement réservés au secteur industriel, les robots pourraient très bientôt jouer un rôle de première importance dans nos vies quotidiennes. Si RoboEarth constitue une avancée majeure, d’autres projets tout aussi révolutionnaires sont actuellement en cours. Ainsi, le robot Baxter (RethinkRobotics), dont il suffit de guider les bras la première fois qu’il effectue une tâche pour qu’il puisse par la suite la reproduire. Sans parler des investissements massifs de la part de Google : la société de Larry Page et Sergueï Brin a en effet récemment racheté bon nombre d’entreprises leaders du secteur.

Toutes ces avancées se traduiront par une arrivée massive de robots de plus en plus perfectionnés et à l’usage simplifié. Se posera alors une nouvelle problématique : devant l’essor conjugué de la robotique et de l’intelligence artificielle, des emplois qualifiés de juristes, vendeurs, techniciens et financiers pourraient très bien se voir remplacer par une forme d’automatisation. L’émergence de cette nouvelle génération de robots va-t-elle marquer la fin des classes moyennes ?

Photos sources : www.neowin.net / www.cdn.phys.org